mardi 28 avril 2020

Ressources en ligne: revues de mode en français

Quelques liens vers des institutions, qui numérisent des revues de mode.

Je vous conseille d'y retourner souvent car la numérisation est un travail de fond (qui permet d'offrir une accessibilité au plus grand nombre, mais également de conserver ces revues, souvent imprimées sur papier industriel bon marché, et qui se détériore très rapidement).



* Gallica: le plus important, c'est le portail numérique de la Bibliothèque Nationale de France (BNF). Je vous mets directement un lien vers la page rassemblant toutes les revues de mode. Il faut cliquer sur le nom de la revue qui vous intéresse. Vous y  verrez les années proposées. Sur certaines revues, la recherche "plein texte" est possible: c'est  dire que vous pouvez chercher un mot dans tous les numéros, ou par année de la revue. D'autres ne sont disponibles que sous format image... Il vous faudra feuilleter. 
A ce jour, 54 titres sont disponibles. Certains sont assez exhaustifs, d'autres non, soit que la BNF ne possède pas tous les numéros, soit qu'ils ne sont pas numérisés, soit que la revue ait été très éphémère.
Les périodes couvrent du XVIIe au milieu du XXe siècle.
Ils sont téléchargeables, soit en entier, soit par page. Comme ils sont tombés dans le domaine public, ils sont libres de droit (tant que ce n'est pas pour un usage commercial).  Donc si vous cherchez une revue, venez ici vérifier ici si le numéro n'est pas disponible plutôt que de l'acheter...



* Le Musée Galliera: le centre de documentation a numérisé à la fois des revues et, chose assez rare, des patrons!
A ce jour, 12 titres de revues. Également des catalogues commerciaux (des Magasins du Louvre).
Les patrons de La Mode Illustrée. Ils ne sont pas complets mais présentent un panorama des années 1860 aux années 1920. Même remarque que pour Gallica plus haut: vérifiez si le patron que vous voulez acheter n'est pas ici.
Les revues et les catalogues ne sont pas téléchargeables (enfin, je n'ai pas réussi!) et s'ouvrent dans une liseuse. Par contre, c'est le cas des patrons, qui sont des PDF.


Les revues de mode sont ici. (vous pouvez ensuite, quand la page de la revue c'est ouverte, dans le moteur de recherche, ajouter une année au titre de la revue pour filtrer la recherche)
Il y a notamment La Mode Illustrée, quasiment complète! A compléter, donc, avec les patrons de Galliéra...
4 titres numérisés pour le moment, mais presque au complet.
Les numéros sont téléchargeables en entier en PDF (en cliquant sur le titre, sous la visionneuse, avant de l'ouvrir) ou après avoir cliqué sur la visionneuse, en étant sur l'image qui vous intéresse -> clic droit-> afficher l'image.

La Bibliothèque du MAD Paris a également numérisé les albums dit Maciet. Ceux-ci ont été constitués, de façon thématique, par Jules Maciet. Il a rassemblé des images de tous types en plus de 5000 albums. Ils sont consultables librement à la Bibliothèque mais également en ligne! C'est une mine d'or, mis à part que l'on a pas toujours la source de l'image...

Avec ça, vous aurez déjà beaucoup de grain à moudre!

Un énorme merci à toutes ces institutions!

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NB: ces revues sont accessibles gratuitement.

Elles sont, a priori, libres de droits. La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source des contenus telle que précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF »
La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service ou toute autre réutilisation des contenus générant directement des revenus. Plus sur les condition d'utilisation du le site de Gallica.

En ce qui concerne le Musée Galliéra, le site mentionne que "L'ensemble des matériels édités sur le site palaisgalliera.paris.fr, incluant notamment les textes, les photographies, les infographies, les icônes sont la propriété exclusive du Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris ou des parties dont il a été obtenu le droit d'utilisation. En conséquence, toute représentation ou reproduction, pour un usage autre que personnel, qui pourrait en être faite sans le consentement de leurs auteurs ou de leurs ayants-droit, est illicite." D'où les revues non téléchargeables. En outre, si vous souhaitez revendre les scans des patrons, le Musée peut vous poursuivre s'il arrive à prouver que ce sont ceux qu'il a fait faire... Donc autant éviter!




lundi 27 avril 2020

La Mode Illustrée: cours de coupe, la blouse (1905): pose des agrafes (2/3)

Introduction ici, première partie là.

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Pour donner à notre travail un aspect soigné, avant de poser les agrafes, nous bâtissons sur le dessus du devant de doublure, le long de la ligne o, p , une bande de choix de 6 à 7 cm de large, fixée d"un côté une piqûre et dépassant extérieurement la ligne o, p de 1, 5 cm environ.


Rabattre cette bande de soie en même temps que la doublure à l'envers du corsage ( a a' de la fig. I) par un point de chausson suivant exactement la ligne o , p que nous avions marquée d'un fil. C'est sur ce rabat que nous allons poser la agrafes d'un côté, les portes de l'autre. On peut les placer de deux façons différentes, soit directement sur le corsage en traversant l'étoffe, soit en les cousant à part sur un ruban croisé en fil, qu'on fixe ensuite au bord du corsage (b de la fig. I et II) . Cette manière est plus soignée en ce que les points se trouvent dissimulés, mais elle offre certainement moins de solidité à l'usage.


Les agrafes ordinaires se dégrafent constamment, ainsi conseillons-nous d'employer les agrafes à ressort dites "agrafes de Long" qu'on trouve dans tous les magasins de nouveauté.
Elles donnent une entière sécurité. Le N°2 est la bonne grosseur pour les corsages.

Si vous les cousez à même le corsage, placez les à 3 cm les unes des autres: les agrafes à l'envers du devant de droite et à demi centimètre du extérieur (fig. I); les portes au devant de gauche, et dépassant le bord qu'on puisse attacher le corsage sans difficultés (fig. II).

Si vous cousez portes et agrafes sur un ruban de fil, celui-ci aura une largeur de 1,5 cm environ. Les deux bouts seront de même longueur que le devant du corsage; vous coudrez sur l'un les agrafes dont la tête touchera à l'extrême bord d'un côté du ruban; sur l'autre, les portes distancées toujours de 3 cm et dont la boucle dépassera le bord du ruban (fig. I et II). Bâtissez ensuite la bande des agrafes au coté droit du corsage et à un demi centimètre du bord. Celle des portes sera placée sur l'extrême bord du côté gauche, comme nous l'avons dit précédemment. Vous cousez alors les deux bandes avec du fil solide en veillant à ce qu'elles ne resserrent pas le corsage (fig. I et II).

Vous repliez ensuite sur elle-même une bande de soie de 10cm de large que vous fixez sur les portes pour former sous-patte et qui les dépasse extérieurement de 3cm (c de la fig. II). Cette sous-patte a pour but de clore parfaitement le corsage s'il venait à l'entr'ouvrir entre les agrafes. Un biais de soie de 4cm de large est ensuite cousu sur le ruban d'agrafes (pénétrant sous le crochet de celles-ci), pour le dissimuler complètement (c de la fig. I).



Source: La Mode Illustrée, gallica.bnf.fr / BnF

vendredi 24 avril 2020

La Mode Illustrée: cours de coupe, la blouse (1905): la doublure (1/3)

La blouse simple proposée par La Mode Illustrée 1905

De l'assemblage

Nous avons expliqué dans un précédent article la manière de disposer les patrons sur la doublure, et les réserves à faire en les taillant, nous allons traiter aujourd'hui de l'assemblage, mais avant d'y procéder, nous conseillons d'abord à nos lectrices de passer un fil de bâti, non seulement sur la ligne de taille marquée d'un cran sur le patron de chacune des pièces, mais encore sur tous les contours indiqués déjà par le tracé de la roulette à patron. Ce travail préparatoire, un peu long peut-être, facilitera beaucoup celui de l'assemblage.
En principe, les coutures de la doublure doivent être faites à l'envers du corsage, c'est à dire qu'il faut les coudre du côté de l'endroit de l'étoffe [c'est à dire que l'endroit de la doublure est contre le tissu extérieur, les coutures côté peau]. Ces coutures, plus tard, seront ouvertes et bordées. Pourtant, lorsqu'on emploie une doublure à envers noir ou bleu, si l'étoffe du dessus n'est pas transparente, on peut faire toutes ces coutures du côté foncé, qui doit toucher l'étoffe du dessus, à l'exception de celles des épaules m, n et de celles des dessous de bras g, h. Cette façon d'agir supprime l'inconvénient des coutures ouvertes extérieurement qui mettent en contact l'envers foncé de la doublure avec le cache-corset; de plus, on est dispensé de les border, ce qui simplifie le travail et diminue l'épaisseur. [à la place de border, certaines pièces d'époque montrent une sorte de crantage comme nos ciseaux cranteurs mais arrondi avec un surfilage main]


Les différentes pièces du corsage sont assemblées suivant les lettres correspondantes indiquées sur chacune d'entre elles sr la Figure I. Avant de les bâtir d'une à l'autre, il est bon de les réunir par des épingles en faisant concorder d'abord les lignes de taille, puis en suivant exactement les contours marqués d'un fil.
Certaines pièces doivent être soutenues sur celles qui y correspondent, mais jamais de plus d'un demi centimètre. Les parties à soutenir sont indiquées en gris sur le croquis figure I; ce seul point négligé suffirait à rendre imparfaite l'éxécution de ce corsage.
Réunissez la pièce 2 à la pièce 3 le long des lignes c,d, en soutenant, comme l'indique l'ombre marquée sur la figure à la hauteur de l'omoplate, la pièce 2 du dos sur le petit côté 3 du dos.  Pour vous aider, bâtissez du côté du dos, sur le doigt, à points assez rapprochés pour que la couture ne s'écarte pas à l'essayage. Réunissez ensuite e, f, de la pièce 3 à e, f de la pièce 4 en bâtissant cette fois bien à plat et en suivant exactement les lignes de contour, marquée d'un fil.

Passant au devant, les pinces n'étant pas coupées, on rapproche les deux lignes j et j de la première pince à partir de i, et on bâti du côté du dessous de bras, qui est la partie à soutenir; on fait de même pour l, l, à partir de k. Pour réunir alors cette pièce 1 du devant à 4 du petit côté du dessous de bras, on commence par les joindre l'une à l'autre en h par une épingle, puis on bâtit en soutenant le devant depuis ce point h jusqu'en g.
En bâtissant (du côté du dos) la couture d'épaule, on soutiendra de même m, n  de la pièce du dos sur m, n de celle du devant.
La première moitié de la doublure du corsage est alors assemblée [youpi!]. On assemble la seconde selon les mêmes principes; puis on réunit les deux parties par les lignes a, b du milieu du dos qu'on bâtit aussi à plat que possible.


Nous avons dit, dans notre précédent article, que pour certaines tailles correspondant aux mannequins 46 et 48, il est quelquefois indispensable, même pour les blouses, de couper les devants en deux pièces [avec des lés de largeur de 114 à 150 cm, il y a peu de chance que ça vous arrive]  comme on le voit sur la figure II. Ces devants, très biaisés au-dessous de bras, ce trouvent donc n'avoir qu'une seule pince, mais remontant jusqu'à l'épaule.
Les ligne i, i' du patron 1 bis suit en ce cas, en long, le droit fil de l'étoffe, de même que la ligne o, p de la pièce 1ter. Les lignes i, i'  des deux pièces sont assemblées bien à plat; mais à partir de i' jusqu'à j, on soutient légèrement le côté 1bis sur la partie correspondante de 1ter. Si la personne est très forte, il peut même être utile de former au point i' de la pièce 1 bis deux petites pinces profondes d'à peine un demi centimètre.
Pour réunir cette pièce ainsi préparée au dos, se reporter à ce à ce que nous avons dit plus haut pour le devant ordinaire. 



Passons à présent à la manche en doublure. Il est bien entendu que nous travaillons sur des patrons taillés d'après des mesures exactes.
Étendez le dessus de manche 5 bien à plat sur une table, posez dessus le dessous de manche 6 et épinglez l'un à l'autre en suivant exactement les lignes s, t . Réunissez de même par une épingle q du dessus de manche à q du dessous, et laissant toujours la manche sur la table, continuer à épingler la couture à partir de ce point jusqu'à la partie ombrée, c'est-à-dire à 2 cm environ au-dessus du coude. Rapprochez de même r et r du bas des deux pièces de la manche, et épinglez jusqu'à 2 cm au-dessous du coude. Passez un fil de fronce dans l'ampleur restant au coude, puis mettez-y une épingle qui retienne les fronces au dessous de manche. Si vous avez bien suivi nos indications, vos étoffes doivent se trouver absolument à plat l'une sur l'autre, sans tirailler ni dans un sens ni dans l'autre.
Pour bâtir, cousez du coté du dessus de la manche. Après avoir bâti la couture de la saignée, hochez [entaillez]-la en deux ou trois endroits, puis retourner la manche qui doit tomber droit sans aucun pli lorsqu'on la soulève devant soi; s'il se forme quelques plis, c'est que vous l'avez mal assemblée. Il vous faut donc débâtir la couture à la hauteur où se produit le défaut, étendre de nouveau la manche sur la table, puis rapprocher les deux pièces en laissant l'étoffe se poser librement.

L'essayage

La doublure étant bâtie, il faut l'ajuster. Nous n'essayerons qu'un seul côté et nous ne conseillons par de faire cet essayage à l'envers, car il arrive très souvent que des personnes, même très bien faites, n'ont pas les deux côtés exactement semblables: la partie essayée du corsage se trouverait donc, une fois retournée, ne plus correspondre au côté auquel elle est destinée.
Pour essayer un corsage, on commence après l'avoir mis, par maintenir la couture du milieu du dos a, b, rigoureusement à la sa place, où on la fixe par une épingle à la ceinture piquée à la hauteur de la ligne de taille. On ferme ensuite le corsage par devant à l'aide dépingles très rapprochées, en commençant par l'encolure et en suivant des deux côtés les lignes o, p (fig.I).

Attention sur la figure B, la pince verticale vers le centre du corsage s'appelle en fait k-l.


 Vérifiez ensuite si les lignes de tailles de ces deux côtés sont bien en face l'une de l'autre. Placez le haut des pinces i et k au plus fort de la poitrine.

Devant: 

Si le corsage est trop large de poitrine et de taille, reprenez avec des épingles la pièce du devant, le long de la couture du dessous de bras g, h; reprenez de même un peu sur chaque pince i, j, k et l; mais l'extérieur seulement, de manière à ne pas réduire l’espace compris entre ces deux pinces (Voir B de la figure I).
Si le corsage vous semble trop étroit, rectifiez les mêmes coutures mais en sens inverse (A de la figure I).
Il suffit souvent en ce cas de lâcher la couture du dessous de bras (sur la pièce du devant seulement) et c'est pourquoi nous avons gardé plus d'étoffe à cet endroit. Coupez alors votre fil de bâti et épinglez à nouveau le devant exactement sur la ligne g, h du petit côté du dessous de bras qu'il ne faut pas déplacer (A de la figure I).
S'il se forme des plis à l'encolure du devant vers l'épaule, il faut débâtir la couture de l'épaule, et tendre davantage le devant, mais en vaillant toujours à ce que le droit fil de l'étoffe tombe verticalement au milieu de la poitrine.

Dos:

S'il est trop large à la hauteur de l'omoplate, soutenez un peu plus à  cet endroit la pièce 2 sur pla pièce 3, et au besoin reprenez la couture en mourant à partir de l'emmanchure (A de la fig. I de e en f).
Si le dos est trop long, il faut débâtir le bas de la basque pour lui donner plus d'ampleur. On remonte alors la ligne de taille, mais elle doit toujours rester en droit-fil [de trame], (A de la fig. I de c en d).
Si le dos est , au contraire, trop court, on reprend à la taille un peu sur chaque couture, et la ligne de taille se trouve alors redescendue.

Il ne faut jamais reprendre la couture du milieu du dos. Il est préférable, si le corsage est trop large dans le dos, de reprendre un peu sur les deux nervures, mais il faut veiller toujours à ce que le petit côté du dessous de bras N°4 demeure bien sous le bras. Il est bon même de le fixer à sa place au moment de l'essayage, par une épingle, pour ne pas être tentée de le déplacer.
Observer aussi que, pour la bonne allure du corsage, la couture de l'épaule doit se trouver à 3 cm environ en arrière de la ligne du dessus du milieu de l'épaule (A de la fig. I de q en r). C'est sur cette couture d'épaule que l'on reprend: soit le devant si le haut des pinces i et k tombe au-dessous du plus fort de la poitrine; soit le devant et le dos, si le corsage est trop long de taille de partout.
Vérifiez si, pendant l'essayage, la couture du milieu du dos et la fermeture ne se sont pas déplacées, sans quoi il vous faudra desserrer légèrement les épingles qui marquent les rectifications, afin que le corsage reprenne sa place. Indiquez avec des épingles la ligne de l'encolure et des emmanchures. Faites quelques crans à l'étoffe pour que le cou et le bras aient toute la liberté voulue (A et B de la fig. I), mais craignez de couper trop profondément: il sera temps de la accentuer davantage au deuxième essayage.
Il arrive parfois qu'après avoir cranté les entournures il faille reprendre le bas de la couture de l'épaule.
Marquer avec les épingles la longueur que vous voulez donner à la basque.

Pour l’essayage du devant en deux pièces avec couture de pince se prolongeant l'épaule [sic!], suivre les indications données plus haut au sujet du devant en une seule pièce, à l'exception de ce qui suit:
Si ce devant est trop large de partout, reprendre régulièrement les deux côtés de la couture de pince dans toute la longueur.
S'il est trop large seulement à la taille, reprendre la couture à cet endroit en mourant jusqu'au plus fort de la poitrine, mais des deux côtés à la fois toujours, contrairement à ce qu'on a fait pour les devant en une seule pièce;

Manches

Si l'on a bien suivi nos conseils pour l'assemblage, les rectifications à faire doivent être presque nulles. Les fronces du coude doivent emboîter exactement la pointe du coude. Epinglez donc les deux coutures de manche au corsage, de façon que le droit fil du dessus tombe verticalement à la suite de la ligne du milieu de l'épaule, pour juger si ces fronces sont à la bonne place (fig. II).


Si la manche visse sur l'avant-bras, c'est que les fronces sont trop au-dessus ou au-dessous du coude. Débâtissez donc la couture à cet endroit, et laissez le dessus de manche se placer naturellement à cet endroit.
Si la manche est trop large de partout, reprenez-la également sur chaque couture.
Si elle serre au plus fort de l'avant-bras, lâchez, à l'endroit trop juste, le dessus de manche, dont le contour alors se trouvera légèrement arrondi à cette place, l'étoffe demeurant bien à plat sur le poignet. Marquez la longueur de la manche, en tenant le bras replié avec des épingles.

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Nous n'avons essayé qu'un côté du corsage; voici maintenant la manière de reporter les corrections de l'autre côté.
Après avoir ôté le corsage avec beaucoup de soin pour ne pas faire tomber les épingles, passez un fil de bâti, d'une autre couleur que celui qui marque les contours, sur la ligne (c, d, e de la figure I) indiquée par les épingles sans prendre l'autre côté de la couture.

Un faufilage semblable indiquera la ligne de l'encolure, celle des entournures et du bas de la basque, de même que de la nouvelle ligne de taille du dos si nous avons eu à la déplacer. Passer aussi des fils de repérage sur les pièces rectifiées: si vous avez descendu ou remonté le devant sur le dos, par exemple, ces fils, placés sur les deux pièces bien ne face les uns des autres, vous serviront de points de repère pour retrouver la place que ces deux pièces doivent occuper par rapport l'une à l'autre, (a et b de la figure), quand vous allez bâtir définitivement votre doublure.
Débâtissez toutes les coutures qui ont donné lieu à une correction; placez les pièces rectifiées sur celles de l'autre côté qui y correspondent, endroit contre endroit, et indiquez avec des épingles proches les unes des des autres toutes les corrections. Un bâti de couleur passé sur les secondes pièces en regard de celui des premières, marque les nouvelles lignes de contour. On peut aussi, sur la doublure, remplacer les épingles par un piquetage à la roulette à patron, en appuyant assez fortement pour que les dents de la molette traversent le double de l'étoffe; mais il faut auparavant avoir fixé ces deux étoffes ensemble bien à plat par des épingles ou un bâti.
Ne pas oublier non plus de marquer sur ce second côté les nouvelles lignes de l'encolure, de l'entournure et du tour de basque, ainsi que les points de repère dont nous avons parlé plus haut.
Toutes vos corrections soigneusement indiquées, rebâtissez définitivement votre doublure à points assez rapprochés, puis crantez vos coutures à la ligne de taille et à 2 cm au-dessus, ne coupant que jusqu’à un demi cm de la couture pour que l'étoffe ne s'effile pas. Nous conseillons alors d'essayer à nouveau le corsage avant de la coudre pour juger s'il va à votre gré. Il est bien entendu qu'on le met dans le sens qu'il aura sous l'étoffe, c'est-à-dire l'envers de la doublure en dessus.
Nous ferons observer que le corsage ainsi bâti doit paraître un peu large au second essayage, parce que les points étant espacés, les coutures tendent à s'écarter, tandis que les coutures faites en rapprochant exactement les deux étoffes rétrécissent forcément le corsage. Ce qui serait insignifiant sur une seule couture prend une certaine importance répété une dizaine de fois, et il arrive très bien qu'on ait à constater une différence de 1 ou 2 cm sur l'ensemble de la largeur,les coutures une fois faites.
Donc si le corsage serre légèrement à l'essayage et que les coutures en s'ouvrant laissent voir les points de bâti, il faut coudre au-dessus du bâti, c'est-à-dire du côté du bord de l'étoffe. S'il paraît au contraire un peu large, on coud au-dessous.
On ne coud définitivement à ce moment que les coutures du dos et des pinces; celles du dessous de bras et de l'épaule seront terminées avec le dessus du corsage. D'ailleurs, si une fois cousue votre doublure vous paraissait trop juste, il vous suffirait de lâcher un peu ces dernières coutures.

Repassage des coutures

 Puis il faut débâtir encore une dois ces coutures pour ouvrir commodément les premières au fer. Ne faites agir pour ce travail que la pointe du fer, et veillez à ne pas tirer sur les parties biaisées en repassant.
Le repassage de la manche surtout exige une grande attention; la pointe du fer ne doit toucher exclusivement que le milieu de la couture ouverte, et ne repasser en aucune façon la pliure du dessus de la manche.
Nous vous conseillons de vous servir pour cet usage du même petit ustensile que les couturière emploient, et que l'on nomme un sisfran.  C'est un morceau de bois poli de 10cm de large sur 60cm environ de long, plat d'un côté, légèrement bombé de l'autre (fig. II).

Le sistran pour repasser les coutures.
Il y en est aussi qui représentent assez bien une petite planchette à repasser montée sur pied (fig. III) [chez moi, on appelle ça une jeannette] On les garnit l'un ou l'autre d'un molleton épais, comme les planches à repasser ordinaires. On enfile dessus d'abord un côté de la manche, puis l'autre, et l'on obtient de cette façon un repassage régulier, en évitant sans peine les pliures repassées.

La "jeannette".
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Si les coutures ont été faites à l'envers du corsage, il faut, soit les surfiler avec une soie de couleur tranchante, en rapprochant les points, mais évitant de serre son fil; soit border chaque couture d'un extra-fort, en ayant soin de tenir le ruban un peu lâche, et de le faire bien rentrer au creux des parties crantées après avoir arrondi celles-ci. On comprendra facilement que si l'on tirait trop sur l'extra-fort, le bord rétréci des coutures ne suivrait plus les courbes du corsage.
Pour les chemisettes et les corsages très étoffés on peut, nous l'avons dit, faire les coutures de la couture en-dessus. Il est inutile en ce cas de la surfiler ou de les border, puisqu'elles se trouvent dissimulées sous l'étoffe du corsage.



La prochaine fois: poser les agrafes à la doublure du corsage.


Source: La Mode Illustrée, gallica.bnf.fr / BnF

jeudi 23 avril 2020

La Mode Illustrée: cours de coupe et de couture 1905

Aujourd’hui, je commence une nouvelle série d’articles pratiques. Tout sera tiré de la fameuse revue La Mode Illustrée. "sous l’impulsion de sa rédactrice en chef Emmeline Raymond, tente dès les premiers numéros d’aider les femmes dans tous les aspects de leur vie domestique, familiale, sociale.
Créée en 1860, la revue s’adresse principalement à une clientèle bourgeoise et se pose en véritable guide du bon ton et de l’élégance parisienne. Emmeline Raymond a su imposer La Mode illustrée comme une revue emblématique et avant-gardiste de la presse féminine du XIXème siècle."
Je tiens à remercier grandement la bibliothèque du Musées des Arts Décoratifs pour avoir mis tous les numéros en ligne. Cette publication est complétée par le Musée Galliéra, qui a mis en ligne quelques patrons de la même revue. 

Cette revue est très célèbre car elle propose donc des patrons, mais j’ai décidé de mettre en lumière également les articles, qui sont à mon avis trop peu utilisés. Le gros défaut de ces articles est d’être éparpillé sur plusieurs numéros, parfois non consécutifs, et noyés dans les illustrations qui n’ont pas forcément de rapport avec l’article en question. J’ai donc décidé de travailler un peu pour vous et de trier tout ça. 

On commence par le début : un cours de coupe, paru en 1905. Il s’étale originellement sur neuf numéros ! Il va comprendre 3 parties : une introduction ici même, un cours sur le corsage et enfin sur une jupe à trois plis religieuses. Il ont été rédigés par M. Valleray.
Je pense –et espère- répondre ainsi à des questions que se posent ceux et celles qui voudraient coudre à la façon de la Belle Epoque. 

Je ne fais que recopier [sauf italique pour mes réflexions ou mise en gras quand je veux souligner un détail important], afin de garder la succulence du texte original. De plus, vous pourrez utiliser le traducteur google en haut à droite ! 

Je vous conseille de lire un cours en entier avant de commencer.

Cours de coupe et de couture



 Ce n’est pas tout d’avoir un patron à sa taille, il faut savoir s’en servi ; et cette science repose sur certaines données précises auxquelles ne saurait suppléer la meilleur volonté. La confection d’un corsage ou d’une jupe comporte plus de mille et un détails qui embarrassent et découragent souvent les débutantes. 
« Nous n’avons pas fait d’apprentissage- nous écrit une de nos abonnées- et nous ne savons pas dans quel sens poser nos patrons sur l’étoffe ! L’essayage nous embarrasse encore d’avantage : à quelle couture et de quel côté devons-nous reprendre l’étoffe pour faire des rectifications nécessaires ? Quel est le meilleur mode de fermeture ? Comment une jupe ou les manches d’un corsage ? » etc. 
C’est pour répondre à ce désir exprimé par plusieurs, que nous commençons aujourd’hui une série d’articles ayant trait au vêtement fait à la maison. Nos explications porteront tout d’abord sur la manière d’établir un corsage en doublure ; et pour le dessus, qu’on applique ensuite, nous choisirons ensuite dans le journal un joli modèle type, assez facile à reproduire pour que les plus novices puissent en mener à bien l’exécution. 

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 Le premier point à observer est d’avoir un patron à sa taille. Voici le tableau des mesures qui se rapportent aux différentes tailles de mannequins sur lesquelles nous établissons les nôtres. 

Tableau des tailles utilisées par La Mode Illustrée en 1905
 A noter que La Mode Illustrée utilise surtout la taille 46 (66 cm de tour de taille, 96cm de tour de poitrine). Quand la revue propose des "tailles fortes", il s'agit plutôt de la taille 48 (72 cm ou 74 cm de tour de taille, 108 ou 110cm de tour de poitrine). A noter qu'il y a une erreur sur le tour de poitrine du 44: lire 92cm et non pas 98cm!

La mesure du tour de taille se prend sur la robe en serrant un peu ; pour celle du tour de poitrine on entoure le buste du mètre ruban, qu’on fait passer sous les omoplates, puis sous les bras, et qu’on ramène ensuite devant au plus fort de la poitrine. Le tour des hanches est pris au plus fort de la hanche, c’est-à-dire 10 ou 12 cm au-dessous de la taille.

Voyez, d'après ces indications, à quel numéro de mannequin correspondent approximativement vos mesures, et nous expliquerons par la suite les rectifications à faire aux patrons. Mais si la différence est par trop sensible entre vos mesures personnelles et celles énoncées plus haut, vous ne devez pas hésiter, -pour un début surtout- à nous demander un patron sur mesures exactes [et ben tiens! La Mode Illustrée en plus de proposer des patrons taille mannequin, proposait aussi un service de patrons à vos mesures, service payant bien entendu!] malgré la petite augmentation de prix qu'il comporte.
Le mannequin 44 est la taille la plus courante et permets encore de couper les devants d'une seule pièce. [à cette époque, les largeurs des lés de tissu sont moins larges: entre 90 et 110 cm ] Mais pour certaines tailles correspondant aux N° 46 et 48, il est quelques fois indispensable de couper les devants en deux pièces,  surtout pour les costumes-tailleur. Nous reviendrons plus tard sur ce point, s'il en est besoin.

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Il faut, pour un corsage, environ deux mètres de doublure; 1m75 à 1m80 peuvent néanmoins suffirent pour les tailles 40 et 42, mais nous disons 2m, pour le cas où l'on ferait une erreur, bien excusable de la part des débutantes. La doublure doit avoir un envers noir ou bleu si elle destinée à un corsage foncé, semblable au dessus pour tous les corsages clairs.[Ceci dit, il existe des doublures claires ou de couleur vive pour des corsages en dentelle foncée]
Pliez-la en deux, en suivant bien le droit-fil, dans le sens de la longueur, étendez-la de cette façon sur une planche ou une table qui ne craigne rien. Disposez sur cette doublure les différents patrons, dans la position qu'ils occupent sur la Planche I et chaque patrons se trouvera ainsi coupé en double.

Disposition des pièces de patron pour couper une doublure La Mode Illustrée 1905
 Le bord du devant (1) à partir du milieu de la poitrine jusqu'en bas, suit la lisère de l'étoffe à  ou 4 cm plus loin; de même le bord extérieur du dessus de la manche (5) depuis l'emmanchure jusqu'au coude. Il est indispensable que pour les pièces 2 et 3 du dos et la pièce 4 du petit côté du dessous de bras, la ligne de taille, indiquée par un pointillé, suive exactement le droit fil du travers de l'étoffe [c'est à dire une ligne de trame].
On fixe les patrons sur les doubles de doublure par quelques épingles, ou mieux, pour les commençantes, par de grands points de bâtis. On suit alors tous les contours avec une roulette à patrons en appuyant assez fortement, pour que les petites dents de la molette pénètrent bien dans les doubles d'étoffe. C'est pourquoi nous avons fait placer celles-ci sur une table ne craignant rien.
Eviter de rapprocher les patrons plus qu'ils ne le sont sur le planche I, car il faut, en taillant, laisser 2 cm sur chaque contour [la valeur couture!], et même 3 ou 4 à l'emmanchure, à l'encolure et aux coutures d'épaule et du dessous de bras, c'est à dire aux endroits marqués X sur la planche. Il ne faut pas couper les pinces.


La suite au prochain épisode, sur le corsage!

Source: La Mode Illustrée, gallica.bnf.fr / BnF