vendredi 30 novembre 2012

"Je parle baleines!"

Parmi les questions récurrentes que l'ont voit ou que l'on entend quand on coud des costumes, figure: "mais qu'est-ce que je vais utiliser comme baleines?"

Tout d'abord, à savoir que ce mot que l'on emploie désigne la matière première qui était utilisée au XVIIIe pour rigidifier les corps: des fanons de baleines. Ils servaient également à l'armature des ombrelles et parapluies.
Bref, à quoi ça ressemble?
Des fanons sur une mâchoire de baleine, je n'en ai jamais vus en vrai. Mais je pense que si vous aller dans certains Museums d'histoire naturelle, vous pourrez en voir (ou même sur Internet!).
Par contre, j'en ai vu sur des costumes anciens!

Ça ressemble à ça (clic-clic, l'image provient du très bon blog de création de corsets "Bridges on the body") c'est souple et résistant à la fois, un peu translucide. Ça s'assouplit à la chaleur, mais ça se casse difficilement.



Ok, maintenant on sait à quoi ressemblent les baleines en fanon. Question subsidiaire: est-ce que ce type de baleine a toujours monopolisé l'art de la rigidification des corps?
Réponse: non!

Tout d'abord, parce que les baleines en  vraie baleine ont toujours coûté cher. C'est un produit d'importation, ça se chasse pas facilement, etc, etc. Les fabricants se sont donc tournés vers des choses plus abordables en terme pécuniaire, mais également en terme de géographie.

Ainsi selon la rigidité souhaitée, on trouve différents matériaux. J'aurais tendance à dire que la mode est allée du moins performant au plus performant en terme de "technologie", mais je pense que c'est un autre débat.

Parmi les matériaux végétaux se trouvent la moelle de rotin, qui a une section ronde, il vaut mieux privilégier un tout petit diamètre. Je conseille de voir à nouveau le blog de Jo, qui a baleiné son corset 1780 de la sorte.  Selon les endroits, on peut également trouver du roseau (clic clic pour voir à quoi ça ressemble), de l'osier, de section plus aplaties. Certaines reconstitutrices ont essayé ces matériaux et en sont très contentes: la chaleur du corps permet d'assouplir, ainsi que la sueur naturelle qui se dégage du corps, donc la casse des baleines n'est pas à redouter.

Le bois d'essence souple était également utilisé, mais plus ponctuellement. Il était favorisé pour les buscs (cette longue lame rigide placée sur le devant du corps), les baleines du devant ou les paniers.

Ce corps baleiné du musée Galliera est baleiné avec des éléments végétaux (rotin? roseau?), mais également du bois et des lames métalliques.

La corde est également largement utilisée, jusqu'au XIXe siècle inclus: peu chère, elle se trouve facilement. Elle peut être composée de coton, de chanvre, de lin. Elle apporte un soutient indéniable, mais sans écraser.
Les jupons cordés sont également très courant, que se soit à la Renaissance ou au XIXe siècle: ils permettent de soutenir la jupe, lui donnant un joli volume sans l'effet ballon.


Ce corset de 1876, conservé au Métropolitain Museum of New York est entièrement baleiné en corde.


Reconstitution d'un jupon cordé 1830 par la très talentueuse Evelyne Bouchard.Clic clic pour voir son site.

Le métal est également utilisé sous deux formes principales. Des lames plates et fines, maintenant en acier. Vous pouvez les trouver en différentes largeurs. Attention, il ne faut pas les utiliser seules, et j'aurai même tendance à bannir leur utilisation pour les corps et corsets. Ou alors, il faut veiller à ne les utiliser que comme des buscs. Pour les paniers et les crinolines, elles sont très biens car elles gardent bien leur forme et ont un soutient efficace.

Nous avons ensuite les baleines spirales (à cause de leur forme).
(merci Wikipedia)
Ce sont les plus connues des corsetiers. Sauf. Sauf qu'elles ne conviennent QUE pour après 1840. Leur souplesse (elles ont la capacité de se tordre dans les 3 dimensions) ne convient pas du tout pour les corps baleinés antérieurs.

Les recherches sur des costumes anciens (je pense notamment à Janet Arnold et aux deux livres Seventeenth-Century Women's Dress Patterns de Susan North et Jenny Tiramani) ont également montré que le carton, le crin, la paille pouvaient également être utilisés pour rigidifier les corps.


J'entends une autre question poindre: "oui, mais les baleines en baleine, où je vais en trouver, moi?"

Très bonne question!

Évidemment, pas question d'aller à la pèche à la baleine.
 Si l'aire industrielle a fait que ces beaux animaux sont en voie de disparition( snif!), elle a également permis de créer des très bons substituts, voir meilleurs (aah!): le plastique!

Je vous l'écris tout de suite: fuyez les baleines de marque Régilène, dites aussi baleines en ruban! Pas qu'elles ne sont pas bien, mais pour l'usage en costumes historiques, elles ne vous serviront à bien. Elles sont bien trop fines (1mm) et ne soutiennent rien du tout.

Ce qu'il vous faut, se sont les baleines avec deux types de plastique (pas celles qui sont monobloc non plus). Avec une photo, vous comprendrez mieux.

 Clic-clic un peu de pub pour le meilleur fournisseur que j'ai trouvé (pas cher et très rapide!)

Vous voyez, il y a comme des bandes blanches: c'est en fait un fil de plastique très rigide, entouré d'un autre plastique plus souple. Elle existe en plusieurs largeurs, la plus large étant plus rigide. Vraiment, c'est ce qui convient le mieux pour les corps baleinés XVIIe et XVIIIe siècles. La largeur dépend si vous faites un corps baleiné complet ou semi-baleiné. J'ai tendance à préférer la 5mm qui est la plus universelle.

Voilà, je pense que vous savez maintenant déjà pas mal de choses sur les baleines!

mercredi 29 août 2012

Écrans à main des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Cette fois ci, une annonce pour un chercheur:

Écrans à main des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Écrans à main Les Moissonneurs (détail), comédie de Favart, Voisenon et Duni, recto, vers 1768 Paris, collection particulière Photo : D.R.


Emblématiques des arts décoratifs et du goût de leur temps, ces petits écrans fabriqués autrefois en grande série servaient à se protéger le visage de la chaleur du feu près de la cheminée. Souvent constitués d’une feuille de carton fichée dans un manche en bois (le tout mesurant une quarantaine de centimètres), ils étaient ornés de gravures, de textes imprimés et de motifs décoratifs peints à la main.
Nathalie Rizzoni - chercheur (CNRS et Université Paris-Sorbonne) qui étudie depuis plusieurs années les relations privilégiées entre arts, arts décoratifs et littérature au XVIIIe siècle - prépare une monographie sur cet objet fragile et poétique, rarement conservé dans les collections publiques mais figurant encore parfois dans des demeures privées.
Elle remercie à l’avance institutions, collectionneurs, ou détenteurs d’un patrimoine familial qui voudront bien lui faire découvrir leurs écrans, ou feuilles d’écrans non découpées, dans la perspective de cette publication.
  Adresse postale : Centre d’Étude de la Langue et de la Littérature Françaises des XVIIe et XVIIIe siècles, CELLF 17e-18e, UMR 8599 du CNRS et de l’Université Paris-Sorbonne 1 rue Victor Cousin 75230 Paris cedex 05
Pour en savoir plus sur les écrans à main à partir d’une exceptionnelle série de six écrans français du XVIIIe siècle conservée au Fan Museum à Londres, consulter le lien suivant.

La Tribune de l’Art, mercredi 29 août 201

samedi 18 août 2012

For non French speakers

Je m'efforce de traduire en anglais autant que possible les messages que je poste, mais j'avoue avoir parfois la flemme (comme aujourd'hui où j'ai mis 4 heures pour écrire mon billet sur la mode en Grande Bretagne: merci la mémoire de 480 mo!). 
J'ai donc ajouté à droite une barre de traduction automatique. J'espère que ça pourra aider les personnes ne comprenant pas le français!

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I am trying to translate as much as possible in English the posts I write.But I have to admit that sometimes I am too lazy to do it, like today (it take me 4 hours to write my post abour fashion in Great Britain, thanks to my 480 megabytes RAM!).

So, I added a automatic translator tool on the above right. I hope it will help non French speakers!

Le XVIIIe autour du monde: petites idées pour le weekend à Arcelot

Comme indiqué dans le titre du billet, le weekend des Journées de la Marquise, au château d'Arcelot, approche à grands pas. Cette année, les châtelains ont décidé d'un thème à la fois original, complexe et motivant: le XVIIIe autour du monde.

Mais j'en entends déjà certains dire: mais la mode n'est pas française au XVIIIe? Oui et non, c'est en fait bien plus complexe (et intéressant!) que cela. Dès que l'on gratte un peu, on peu apercevoir des différences plus ou moins importantes.

C'est vers quoi je vais essayer de vous orienter. Pour commencer, prenons le premier navire en partance pour le Royaume Uni, grande puissance rivale de la France au XVIIIe siècle. 

Au royaume de sa majesté Georges III et de la reine Charlotte, on a le goût de la simplicité et l'esprit pragmatique. Le noble est avant tout un gentleman farmer, qui chasse à cour ou à pied, aime les jeux de plein air et parcourt son domaine. Il aime les exercices physiques et la tendance à l'austérité. L'homme de cour est plus typiquement français. Ils sont d'ailleurs moqués pour leurs habits chamarrés, leurs coiffures extravagantes et poudrés, leurs habitudes maniérées. Dans les années 1770, l'adoption de cette mode française outrancière par les jeunes britanniques les fait surnommer les "Macaronis" (voir l'article sur Wikipedia à ce sujet), mouvement typiquement britannique

1732 Philips, La famille Strong, Metropolitain Museum.

Le goût des britanniques en matière de mode les porte vers une recherche du confort dans les coupes et les matières (lainages, lin, coton, drap, mousseline) et les couleurs sombres. 
1729, Hogarth, Le mariage de Stephen Beckingham et Mary Cox, Metropolitain Museum.

Les hommes portent la redingote. Le mot a d'ailleurs une étymologie parlante, il vient de "riding coat", autrement dit, le manteau pour faire du cheval. Ils portent également le frac à col, manches sans revers et poignets à la marinière, des redingotes à collets, des bottes collantes et souples. Les trois pièces de l'habit sont souvent de même étoffe, contrairement à ce qu'il se fait en France. Le port de culottes en peau, s'arrêtant sous le genou est courant. 
1761-66 REYNOLDS L'Honorable Henry Fane (1739–1802) avec Inigo Jones et Charles Blair, Metropolitain Museum. Habits de chasse, décor sobre, culottre de peau. Un style qui sera adopté vingt ans plus tard en France.

Dans les années 1740, les classes aisées adoptent le "great coat", un grand manteau de voyage, bien enveloppant, issu des classes laborieuses.

Chez eux, les hommes portent le banyan, sorte de robe de chambre mi-longue ornée de passementeries et venant des marchands indiens.

En guise de coiffure, les hommes ne se poudrent pas. Ils portent leurs cheveux, quand ils en ont assez, ou des perruques, coiffées à la "pig-tail"; c'est à dire tressés serrés avec un ruban. C'est une mode typiquement anglaise, mais que l'on retrouve aussi dans les armées de Frédéric II de Prusse. Cela faisait une sorte de protection rigide sur la nuque lors des batailles. Les perruques, en crin, sont souvent portées et coiffées en ailes de pigeon, ou à marteaux. En guise de couve-chef, les hommes portent des chapeaux ronds à larges bords, des chapeaux à "la quaker", à la "jockey", des bicornes dès 1786. Le tricorne orné d'un galon et de duvet ou de plume est typiquement britannique.

1744 HIGHMORE Portrait de la famille Vigor, Victorian and Albert Museum.

Les femmes ont également le goût du confort et de la praticité.Chez elles comme chez les hommes, peu de garnitures et de fioritures. Elles ne poudrent que rarement les cheveux. Les jupes matelassées sont typiques (on ne spéculera pas sur la responsabilité du climat des Iles britanniques!). Les robes à la française sont souvent entièrement fermées devant, portées sur la jupe matelassée, avec une mantille noire. 

1741-42 HAYMAND The Milkmaid's Garland, or Humours of May Day, Victorian and Albert Museum. Les laitières portent des mantuas.

Les "sacks" (autrement dit robes à la françaises) sont moins populaires que les "mantua". Il existe deux types de mantua. Le premier type ressemble à ce que nous appelons une robe à l'anglaise. Porté sur un petit cul, elle a un dos ajusté et cousu dont les deux pans se continuent dans le manteau de robe. Les manches sont assez larges, terminées par des revers en "raquette". Il semble que ce type de robe soit typique de la Grande Bretagne et de la Hollande. Son devant est ajusté agrafé ou épinglé. Le devant du manteau de robe peut être ouvert sur une jupe ou fermé. L'autre type de mantua est en fait la robs de cour portée dans les années 1740 en Grande Bretagne. Le dos est composé comme celui de l'autre type, les deux pans du dos formant une traîne, au dos de la jupe. Celle-ci repose sur de grands paniers rectangulaires à angles droits.


 Deux dos de mantuas (années 1740 à gauche et 1774 à droite): les deux pans du dos se poursuivent dans le manteau de la robe. Victoria and Albert Museum.

 Mantua de cour (de face et de dos), 1745-50, Victoria and Albert Museum.


Le chapeau est également beaucoup porté par les femmes, c'est même une mode typiquement britannique dans la première moitié du XVIIIe siècle. Les étoffes à la mode viennent des Indes et très coûteuses: cachemires, mousselines de coton, "Indiennes" (toiles de cotons imprimées de fleur en Inde).
 Robe à l'anglaise au dos en fourreau (mantua), coton imprimé à Coromandel (côte Est de l'Inde), robe coupée et assemblée au Pays-Bas. Vers 1780, Victoria and Albert Museum.

Le chapeau est également beaucoup porté par les femmes, c'est même une mode typiquement britannique dans la première moitié du XVIIIe siècle. 

1785 WHEATLEY La famille Saithwaite, Metropolitain Museum.

Bien sûr, il va sans dire que ce sont des généralités et qu'en allant plus avant dans le siècle, les modes britanniques se francisent tandis qu'en France, la mode s'anglomanise!

jeudi 16 août 2012

Ou trouver des fournitures sur Paris ou La Caverne d'Ali Baba

Vous cherchez un costume à vendre ou à louer, de qualité?

Vous cherchez quelqu'un pour vous mettre en contact avec divers (et bons!) costumiers? Vous cherchez un devis?

Vous cherchez des accessoires: bijoux, chapeaux, chaussures, boucles, parapluies, ombrelles, gants, éventails?

Vous cherchez des éléments de vêtements anciens ou pouvant pousser pour anciens?

Vous cherchez des fournitures (tissus, dentelles, plumes, p'tits oiseaux, fleurs, etc) de qualité sans vous ruiner?

Vous cherchez de la documentation, des patrons, des livres, des bons conseils, et même des DVD et de l'inspiration?

Vous souhaitez mettre en dépôts-vente vos costumes ou votre bric-à-brac de costumier qui vous encombre mais pourrait faire le bonheur d'un autre costumier?

Vous souhaitez partager vos connaissances ou recherches ayant trait au costume historique dans un lieu agréable?

Vous souhaitez juste parler costumes en sirotant une tasse de thé bien chaude en hiver ou un sirop bien frais au nom incroyable en été?

Et bien, j'ai la solution pour vous! Vous en rêviez? Fanny l'a fait!

Il s'agit d'une (pas si nouvelle!) boutique que ça, sise en plein cœur de Paris: 2 rue Gabriel Laumain (à mi-chemin entre les métros Château d'Eau, Bonne Nouvelle et Poissonnière). Ouvert de 13h à 20h, sauf le weekend (pour le moment!).

Cette boutique c'est Temps d'Elégance. Je vous invite vivement à allez y faire un tour. En attendant, vous pouvez cliquez sur la bannière, ça vous mènera sur son site en ligne. Suivez également son actualité en ligne, sur la page Face de bouc.



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Are you looking for accessories, supplies, good advices, nice fabrics, pretty laces in Paris?

Are you trying to rent, to buy a costume? Are you hunting for a good costumer?

Are you looking for a second-hand store to sell your so-many-costumes/accessories/supplies?

Are you just looking for inspiration or a nice place to have a drink and to speak about historic costumes?

I have the place for you! You dreamt of it, Fanny created it for you!

Her store is situated 2 rue Gabriel Laumain in Paris (metro Bonne Nouvelle, Poissonnière or Chateau d'Eau). 
You could also visit the website (clic on the banner above) or the faceb..k.