lundi 28 mars 2016

Les paniers du grand habit de cour

Suite de mon exploration du grand habit de cour. Temps d’Elégance vous a proposé un tutoriel pour réaliser vos paniers, je vais d'abord un peu vous parler des formes avant de vous parler du choix de ma réalisation.
Il s’agit bien entendu de grandes lignes.
Nous avons vu que le grand habit est une sorte de fossilisation de la robe de cour née sous Louis XIV, la seule concession vraiment visible à la mode du temps est l’ampleur des paniers.
Au début du XVIIIe siècle, la forme de la jupe reste assez ronde.

Deux portraits de Marie Leczinska: 1730 et 1747
 On passe d'une forme de petite cloche dans les années 1730 à une forme aplatie sur le devant et au dos et plus élargie sur les hanches dans les années 1740.

1754-1764: Madame Adélaïde à la viole (Nattier ) et Marie Josèphe (Nivelon)
Dans les années 1750-60, les formes restent grosso-modo les mêmes en France.

La taille la plus large est atteinte dans les années 1770-80.

1778 et 1781: deux portrait de Marie Antoinette par Vigée Lebrun.

Le grand panier du couronnement de la reine Louise Ulrique (reine de Suède en 1751) a été conservé, ce qui nous donne une idée de la façon dont ils étaient faits. Portés par une personne royale lors d'un événement on ne peut plus officiel, les grands paniers qui ont été ici conservés sont extrêmement larges.
Celui-ci a une forme particulièrement carrée.

Grand panier de la robe du couronnement de la Reine Lovisa Ulrika, 1751.

Après avoir rassemblé mon iconographie, je me demande si de tels paniers si carrés ont été portés en France, à part éventuellement ceux des années 1770. La forme des paniers portés à la cour de France semblent plus arrondie, même sur les paniers très larges des années 1770-80.

1760, L'Archiduchesse Maria Johanna Gabriella d'Autriche, 1762-64, L'Impératrice Catherine II de Russie, années 1770, portrait d'une archiduchesse d'Autriche. Des formes très parallélépipédiques (!).
1749, Isabelle de Bourbon, Infante de Parme (bon, mauvais exemple car élevée à la cour d'Espagne mais sa mère est française), 1747, Dredou, Marie Josèphe de Saxe, dauphine de France et 1781, une dame du palais de la reine en grand paniers. Les forme sont beaucoup plus arrondies et même sur celui de 1781, cela me semble moins "carré".



M'étant fixée sur les années 1745-55, le "trop carré" était à moins avis à éviter. Sur ce détail de gravure de Cochin  représentant la cérémonie de mariage du Dauphin de France (1745), la forme des paniers est bien visible: plutôt arrondie sur les hanches, elle s'élargie en partie basse.



Il existe bien des patrons de grand panier de ce type, mais j'avoue avoir voulu triché pour plusieurs raisons et lui  avoir préféré un modèle de panier-poches: la maniabilité (notamment en voiture!) et la possibilité de fourrer plein de bazar dans les paniers-poches, ce qui peut s'avérer bien pratique.

Je suis donc repartie du modèle de panier-poches mais en modifiant un peu les mesures. Au lieu de faire toutes les baleines de la même taille ( 80 cm), j'ai diminué celle-ci en remontant. Ainsi mes baleines mesurent respectivement 70, 75 et 80 cm de haut en bas.


J'ai ainsi obtenu une forme plus élargie en bas. Voici ce que cela donne avec un jupon. Je n'obtient évidement pas une forme aussi réussie que si j'avais opté pour le patron de grand panier, mais je m'en contenterai.

Les nouveaux "grands paniers poches" présentés avec le corps baleiné que j'ai fait (et pas encore présenté!). PS: mon assistante s'est cachée sur la dernière photo! (désolée pour le photoshopage crado)
Prochaine étape, le grand corps!

dimanche 13 mars 2016

Essai de typologie des costumes de cour féminins au XVIIIe siècle

(Attention, article au kilomètre!)

Voici une petite fiche récapitulative de quelques types de robes de cour portés au XVIIIe. C'est bien entendu très réducteur puisque l'exercice du jeu était d'essayer de dégager de grandes lignes directrices pour essayer de s'y retrouver un peu...

Les chiffres renvoient aux illustrations plus bas.
Pays
Nom
Dates
Composition
Tissus
France
1.       Grand habit (de cour à la française)
Tout le XVIIIe siècle
Grand corps baleiné à épaulettes posées horizontalement sur l'épaule, jupe portée sur grands paniers (surtout dans les années 1740-60), queue (traîne), manches ornées de « petits bonhommes”. Le port du corset (de même coupe que le grand corps mais moins baleiné) est accepté lors des relevailles ou si la personne est plus faible physiquement, mais doit être porté avec une pèlerine.
Je pense me pencher sur les accessoires dans un article particulier.

Brocard, lamé d’or ou d’argent, velours orné de fourrure pour l’hiver, taffetas brodé d’or et d’argent.
Le grand habit porté lors de la présentation à la cour est noir orné d’or (dentelle, réseau, etc). Normalement, grand corps, jupe et queue sont de même étoffe et même couleur.  Dans les années 1780, les mariages sont autorisés, ainsi que les superpositions d’étoffes pour garnir la jupe et la queue.
Les décorations sont essentiellement des broderies et dentelles (métalliques ou pas), des joyaux.
Les grands ramages colorés et métalliques sont remplacés par des étoffes plus légères, unies ou à petites rayures et petits motifs sous le règne de Louis XVI.

France
2.       Robe à la Française
Acceptée à partir du dernier tiers du XVIIIe siècle (les années 1770)
Sur un corps baleiné et grands paniers. Très ornée (ont dit « parée » à l’époque), les plis du dos se font moins larges à partit des années 1780, les plis sur les hanches ne sont plus de grands plis plats mais des fronces.
Portée avec une pièce d'estomac épinglée sur le devant ou des compères (corsage boutonné ou épinglé directement devant).
Elle est très ornée, "parée".
Tissus plus légers que le brocard : satin de soie en particulier, pékin de soie façonné, gros, taffetas.
Malheureusement, ces tissus sont difficiles à trouver aujourd’hui ou très cher. Le satin peut très bien faire l’affaire.
Décors de dentelle, ruchés, broderies, gaze, blonde, paillettes et sequins. Beaucoup plus de « fanfreluches » dans la décoration à la fin du siècle.
Les couleurs ne sont pas obligatoirement les mêmes pour jupe et manteau.
Angleterre
       3.  Mantua
Tout le XVIIIe
La mantua dérive du manteau de robe né sous Louis XIV (également appelé mantua en anglais) : sur corps baleiné et grands paniers qui deviennent particulièrement importants dans les années 1740 et demeurent jusqu’à la fin du siècle. Ils ont une forme très carrée (beaucoup plus qu’en France). Le manteau de robe est d’un seul tenant et forme des plis au dos, qui sont cousus sur toute la hauteur du dos. Des petits retroussis sur les côté au dos (cf photos). Manches intégrées au manteau de robe avec manches en raquettes ou engageantes.
Pièce d’estomac rapportée épinglée sur le corps baleiné.

Brocard, lamé d’or ou d’argent, velours orné de fourrure pour l’hiver, taffetas brodé d’or et d’argent. La fin du siècle privilégie également des étoffes un peu moins lourdes que les brocards (satins, taffetas).
Manteau et jupe sont de même étoffe.
Russie
4.       Robe de cour russe
1780-1800
Corps baleiné ou corset, paniers/cul, jupe et manteau de robe « à la turque » (c’est-à-dire d’un seul tenant des épaules au bas de l’ourlet, sans couture à la taille et dont le devant est coupé en biais) à petites manches (mancherons) laissant passer les manches longues de la soubreveste, des bretelles partant du dos des épaules se croisent et se nouent devant en ceinture. Motifs du manteau souvent rayés et ornés de franges.
Toute étoffe de soie (satin, velours, façonné), les lamés d’or ou d’argent.
Le motif rayé est particulièrement apprécié.
Décoration de franges très fréquentes (au bord des mancherons et sur la coupe en biais du manteau). Décoration de dentelle à l’encolure et au bout des manches.
Le manteau peut être dans une étoffe différente du grand corps et de la jupe.
Suède
5.       Costume de cour suédois
1778- elle est encore portée au XXe siècle, mais la forme a été adapatée
L’idée était d’adapter un costume plus adapté au climat. L’inspiration se veut Renaissance française, de l’époque d’Henri IV (n’oublions pas que Louis XVI était comparé au nouvel Henri IV lors de son couronnement et que l’époque était très à la mode).
La coupe s’apparente à une robe à la polonaise.
Pour avoir plus de détails, je vous conseille d’aller voir le blog d’Elisa Isis’s wardrobe
Le blog de Caroline Anno 1776
Des images ici

Les tissus utilisés semblent avoir été fait de satin de soie, de façonnés, de taffetas. Le noir était utilisé pour les événements quotidien, sorte de « petit habit de cour », associé avec une autre couleur en fonction de la personne à laquelle était attachée la femme qui portait la tenue (rouge pour le roi, bleu pour la reine, jaune pour la douairière, il semble également que le rose se portrait).
A l’origine la version de gala était rouge vif avec les accessoires blancs mais au final, elle devint blanche avec décors bleus ciel (et l’inverse pour les hommes !). Il n’existe pas de témoignage visuel de cette version (peinture, robe).
Il existe une troisième version pour la campagne jaune avec décors bleus.
Théoriquement, il semble que toutes les couleurs étaient permises mais seules de versions noires, bleues et grises sont attestés.


Les illustrations (cliquez dessus pour agrandir!)
1. Le grand habit à la française:


Années 1730, Stiemart, La Reine Marie Leczinska; 1751, Nattier, Marie Josèphe de Saxe, dauphine de France; 1758, Nattier, Madame Adélaïde tenant une partition; Années 1760 Meytens, Marie Amélie de Habsbourg Lorraine.

Des brocards colorés, réhaussés d'or et d'argent, les paniers s'élargissent dans les années 1740 (je vais y revenir dans un article spécial), les têtes sont petites et poudrées, décorées de brillants, perles, fleurs et aigrettes. Les devants de corsage sont décorés de broderies ou de bijoux (devants de corsage).


Garde robe de la reine Marie Leczinska, printemps 1735.

Garde robe de la reine Marie Leczinska, 1736

Garde robe de la reine Marie Leczinska, 1736

1770 Ducreux, La dauphine Marie Antoinette; 1775, Dagoty, La Reine Marie Antoinette; 1775, Drouais, la comtesse d'Artois; années 1770, la Reine Marie Antoinette
Dans les années 1770, la coiffure monte en hauteur, les décorations deviennent plus nombreuses mais en même temps de matières plus légères (gaze, mousseline, etc.). Les paniers restent extrêmement larges. Les coiffures sont ornées de hautes plumes d'autruche.


Années 1780: la reine Marie Antoinette, Maria Amalia de Habsbourg Lorraine, Frédérique Sophie de Prusse, Marie Antoinette.

Charles-Germain de Saint-Aubin, dame en robe de cour de présentation, avec panier garnie en échelle de Jacob. ©Photo Les Arts Décoratifs, Paris Tous droits réservés


Les robes restent grosso-modo les mêmes, les coiffures s'abaissent.

Echantillon de broderie de grand habit, vers 1780, Victoria & Albert Museum, 

1782 Gazette des Atours de Marie Antoinette: les échantillons pour grands habits

1784 Gazette des Atours de Marie Antoinette: les échantillons pour grands habits

1792 Gazette des Atours de Madame Elisabeth: les échantillons pour grands habits
1792 Gazette des Atours de Madame Elisabeth: les échantillons pour grands habits


2. La robe à la française parée ou de cour (les illustrations suivantes ne présentent que des robes portées en France)

1783 La Gallerie des Modes: deux robes à la françaises portées à la cour pendant le voyage de Fontainebleau
Charles-Germain de Saint-Aubin: dame en habit de cour 1785. ©Photo Les Arts Décoratifs, on dirait un peu ma robe parée, non?
 Deux portraits de Madame Adélaïde (par Labille Guiard en 1787 et Hensius en 1788)

Robe de cour à la française, 1778, Les Arts décoratifs (bientôt  à l'exposition Fashion Forward)

Robe à la française parée, le torse est bizarrement mannequinné mais notez les très petits plis du dos. Années 1780.

1780, deux robes de cour à la française très similaires (Kyoto costume Institute à gauche et musée Galliera à droite, elle est en satin de soie cerise).
Pour les motifs des tissus, je vous renvoie à l'article de Temps d'Elégance sur le choix des tissus par décennie.

3. Les mantuas, robes de cour au Royaume Uni.


Date de tissage: 1734-35 (Spitafields, Angleterre), date de confection: 1735-40, soie brochée, Victoria and Albert Museum. Mantua portée sur paniers ronds. La photo de droite montre que la robe ne devait pas être doublée et la façon dont est formée des "petites ailes" qui forment la queue (traîne).


1740-45, soie brodée de fils colorés et métalliques, Victoria and Albert Museum.La queue du manteau est ici très étroite. Les paniers sont devenus très larges et rectilignes.



1751-53, mantua portée par Ann Fanshawe, la fille de Crisp
Gascoyne qui devint Lord Mayor de la ville de Londres en  1753. Museum of London.

1753-55 (tissage), 1755-60 ( confection), mantua en soie tissée de fils métalliques. Victoria and Albert Museum.


1748-50 (tissage), 1760-70 (confection), mantua de soie brochée décorée de "sourcils de hannetons". Sa forme est typique des années 1760. Victoria and Albert Museum.

4. Robe de cour russe 1780-90
Début des années 1790, les filles du tsarévitch Paul Pétrovitch.

Milieu des années 1790, les grandes duchesses Alexandra et Eléna Pavlovna.
Si vous voulez plus d'informations, je vous renvoie vers l'article que j'ai écrit sur Temps d'Elégance.

5. Le costume national suédois

Robe nationale de cour suédoise, porté le 1er janvier 1780 par Sofia Lovisa Brüch (d'après ce que j'ai compris!), Nordiska Museet.

Gravures de costume national suédois de 1778 par Jacob Gillberg. Nordiska Museet.


Voilà, ce n'est qu'un survol très rapide, bien évidemment à nuancer et à approfondir. J'espère qu'il vous donnera quelques clefs visuelles pour aborder plus facilement de costume de cour féminin du XVIIIe siècle.

Bibliographie supplémentaire:
Fastes de cour et cérémonies royales, catalogue d'exposition, éditions RMN, 2009
Se vêtir à la cour en Europe, actes du colloque, 2011. Disponible ici gratuitement.
Pour paraître à la cour : les habits de Marie-Fortunée d’Este, princesse de Conti (1731-1803)  par Aurélie Chatenet-Calyste

N'hésitez pas à commenter et à partager, en citant l'origine de l'article. :-)

lundi 7 mars 2016

Un peu de nouveauté et de diversité

Depuis aujourd'hui, c'est officiel, vous pourrez également lire certains de mes articles sur Temps d'Elégance:
Ma petite présentation ici (clic clic).



Mon article, où (bien sûr ai-je envie d'écrire!), je vous parle costume de cour russe fin XVIIIe!



Je continuerai bien entendu à écrire ici mais le contenu des articles sera un peu différent.

dimanche 6 mars 2016

Grand habit de cour Louis XV: le grand corps baleiné

Pour les Fêtes Galantes organisées au Château de Versailles, j’ai décidé de me faire un grand habit de cour. Temps d’Elegance a posé les bases dans un de ses articles et va vous présenter des tutoriels avant cet événement, afin vous aussi de réaliser un grand habit de cour. Je vais détailler ici mes recherches personnelles, j’espère qu’elles vous seront utiles ! 
Mon tissu sera un lamé argent. Les décors en dentelle et dentelle métallique. 
J’ai décidé de me tourner vers un habit de la période Louis XV, des années 1745-55. Mes principaux modèles sont les portraits des filles de Louis XV et Marie Leczinska. 

 1748 : Nattier Mesdames Victoire et Sophie de France, 1749, Nattier, Madame Adélaïde de France.

 Le grand corps a en fait une coupe très « archaïque » puisqu’elle reprend celle des grands corps de l’époque de Louis XIV. 

 Illustration d’un grand habit de cour donnée par Garsault dans l’Art du tailleur, 1769. 


Voici la définition qu’en donne Garsault : « le grand habit de cour consiste en un corps fermé, plein de baleines, & un bas de robe : le corps se couvre d’étoffe ; le bas de robe se fait des mêmes étoffes, ainsi que le jupon ; Le Tailleur de corps construit le corps & le bas de robe ; la Couturière, le jupon; la Marchande des modes ajoute à l’habillement les pompons &; agréments. » « Cet habit est ancien, & n’a pas changé jusqu’à présent pour les cérémonies de la cour. » 

Si l’explication et assez claire, je dois avouer que je suis un peu sceptique face au dessin donné par Garsault.

Grand corps pour grand habit de cour, Garsault, l'Art du Tailleur, 1769

 Il indique la forme générale, avec des bretelles (ou épaulettes) placées très basses dégagent le haut des épaules, comme sur les portraits mais je suis plus gênée par le nombre de pièces constituant le corps. Ils semblent plutôt composés de cinq pièces (ou 7 si les épaulettes sont séparées), les coutures recouvertes de décorations (dentelle, ruchés ou broderies). Le modèle de Garsault semble présenter une seule couture sur le côté au lieu d’en avoir une en plus sur le côté devant. Les quelques pièces survivantes de grand habit à la française survivantes sont également composées de plus de pièces.

Quoiqu’il en soit, j’ai décidé de plutôt me baser sur les portraits d’époque en ce qui concerne le nombre de pièces. Je ne sais pas encore si je vais reprendre le patron de ma robe de cour XVIIe siècle  en adaptant un peu les mesures car je trouve l’encolure pas encore super ou si je reprends mon patron de corps baleiné qui me vas très bien et pour lequel je n’ai eu aucune modification à faire (issu du Costume close-up de Linda Baumgarten). Mais je devrais beaucoup plus le modifier. 

Pour le baleinage, j’ai découvert que je corsettais tout aussi bien avec un corps semi baleiné plutôt qu’avec un corps pleinement baleiné. En fait, le pleinement baleiné n’affine pas plus mon torse et donne une légère épaisseur en plus. Quand j’écris « semi-baleiné », je baleine le devant complètement, ainsi que le dos, seuls les côtés sont un peu allégés. Il s'agirait plutôt d'un "trois-quart"! Je pense me baser sur la radiographie du corsage du mariage de Sofia Magdalena (1772) pour le sens des baleines. Je vais peut-être y ajouter une poche à busc, pour avoir un devant bien droit, étant donné que les baleines ont tendance à suivre les courbes du corps avec la chaleur du corps. 

Radiographie du corsage du grand habit de cour se Sofia Magdalena, 1772, repique depuis Isis' wardrobe.



Egalement repiqué chez Isis' wardrobe, un autre corps piqué, des années 1770-90. On devine que même les petites manches sont baleinées. Le nombre de pièces est identique à ce que l'on voit sur les portraits. La fermeture se fait au dos, mais n'est pas visible car les oeillets sont cachés par un petit rabat de tissu.  Il y a un busc très mince sur le devant en plus du baleinage, qui présente aussi des "baleines de dressage": des baleines horizontales qui soutiennent la poitrine.


Grand corps, XVIIIe siècle, Metropolitan Museum.

Grand corps de 1772 et corset porté sur un grand corps piqué, pour Marie Antoinette, années 1780.
On note la présence de crochets au dos, afin de maintenir bien à plat la jupe et le bas de robe.

 Petite analyse de la composition du grand corps :
J'ai délibéré coupé les images pour se focaliser sur les grands corps.

1745-1756


1749-1754

1. Manches garnies de dentelles dites "petits bonhommes": un ou deux volants tombants depuis le haut, et deux montants depuis le coude. On voit parfois un autre volant dessous, qui peut provenir de la chemise. Les manches peuvent être amovibles (comme sur la première photo, robe de mariage de la future Catherine II de Russie) ou cousues au grand corps  ou à la chemise.

Grand corps à la française du couronnement de Maria Feodorovna, 1796, Musée des Armures, Moscou.

2. Bande de dentelle droite cousue au décolleté. Quelques plis permettent d'épouser la courbure du corsage.
3. Décoration du devant: il peut être fait de "coquilles"de dentelles, plus rarement de broderies et surtout de bijoux!
4. Épaulettes basses, se plaçant sur l'épaule.
5. Devant du corsage pointu et descendant assez bas. C'est le seul endroit où l'on peut éventuellement voir deux ou quatre petites basques ou tassettes. Sur les portraits, on a une forme assez arrondie sur le devant, comme sur le dessin de Garsault, mais toutefois la taille est très fine. Cela me semble aujourd'hui anatomiquement impossible à obtenir sans avoir un corps déjà formé depuis l'enfance à porter ce genre de forme de corps baleiné. Donc on va tricher!
6. Ruban fermant le bas de la manche (c'est mon interprétation!).