lundi 13 avril 2020

Panorama de la coiffure féminine du XVIIe aux années 1910



Trucs, astuces et repères visuels.
Public visé : débutants

Préambule : ceci est l’objet de mes recherches et tests, il n’est en aucun cas un point de vue ferme et définitif sur la question. ;-)
Il a été rédigé pour la Convention du Costume de 2018 (oups!). Les illustrations et montages sont issus de mon powerpoint.

      I.            La préparation des cheveux

1.       Lavage et entretien

a)     Le shampoing moderne

* Le  shampoing actuel moderne date des années 1930.
Ex : Hans Schwarzkopf  est crédité comme créateur du shampoing moderne liquide à Berlin en 1927.
Procter & Gamble avec Drene  au milieu des années 1930 : c'est le premier à remplacer le savon par un tensioactif synthétique.
L’Oréal 1931 avec Platinosel
Dop en 1934

Shampoing Drene, Source https://americanhistory.si.edu/collections/search/object/nmah_688587, consultée 13/04/2020

Ces shampoings modernes permettent un lustrage de la fibre capillaire, un démêlage plus aisé et ne laissent pas de traces ternes ou blanchâtres dues à une réaction savon et calcaire.

Cependant, d'après mes expériences, que vous ne pouvez pas réussir une coiffure parfaitement historique avec ses shampoings modernes, à cause, justement,  de ces propriétés. Ça reviendrait à essayer d’avoir une forme de robe du XVIIIe siècle sans corps à baleines.

b)     Le shampoing avant le shampoing

Avant ces shampoings modernes, le lavage des cheveux pouvaient se faire selon deux grandes techniques :

* en absorbant le sébum : avec des poudres d’amidon, d’argile (à sec ou en cataplasme), etc.

* en dissolvant le sébum : avec du savon (en paillettes, en pain), du savon noir, des plantes réduites en poudre (la saponaire, l’ortie ou plus exotique le bois de Panama), des plantes bouillies, des acides (lotion à base de vinaigre, citron, etc).

Les œufs apparaissent également souvent dans les recettes. Impératrice Elisabeth d’Autriche en utilisait une trentaine par lavage avec du cognac. Cela prenait une journée , heureusement que tous les quinze jours!
De façon générale, l’entretien conseillé est le brossage et le peignage quotidien des cheveux. Cela permet d’enlever la poussière, de les aérer et d’enlever la vermine ( !). Le second conseil le plus prodigué est de les graisser (voir plus bas) avec des huiles, des pommades.

Si le cheveu est gras, des lotions sont possibles. Pierre Louis Alphée Cazenave, dans De la décorationhumaine. Hygiène de la beauté Paris : Paul Daffis, 1867 conseille la recette suivante : eau + bicarbonate+jaunes d’œufs ou chlorate de potasse et eau de rose. Cazenave conseille également de lavage par amidon, comme il se pratiquait aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Petit focus : aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’entretien passe par des pommades puis un poudrage. Lors de la phase du décrassage avec un démêloir fin, la poudre part et le cheveu est beaucoup plus propre. C’est le principe du shampoing à sec !
Pourquoi l’eau est si absente de l’entretien ? Elle est vectrice ce maladies. Il n’a pas d’eau courante et encore moins chaude. Imaginez vous laver les cheveux, qui sont très longs, en hiver, dans une maison uniquement chauffée par poêle ou cheminée…
Pierre Louis Alphée Cazenave indique même que l’eau froide peut être la cause de perte des cheveux !


Cartes postales fin XIXe montrant des femmes aux cheveux très longs. L'ondulation est due aux tresses.

La célèbre Lola Montèz (1821-1861) conseille l’inverse aux petites filles, dans un livre paru en 1869 et leur dit de se les laver à l’eau froide, chaque matin ! En fait, elle dit de se laver les racines avec une éponge humide. Elle préfère le brossage au peignage. Une brosse un peu plus dure pour démêler et une souple pour lisser.
Pour le lavage, encore des œufs (blancs en neige posés et laissés sécher, puis lavage à l’eau de rose et rhum. Elle parle d’une eau de miel, en fait un mélange d’huile d’olive, d’alcool, d’hydrolats et de poudres aromatiques.

Jusqu’à l’invention du shampoing moderne, ces techniques ne moussent pas.



2.      La préparation à la coiffure

a)     Pommades et poudres

Cet entretien permet de ne pas décaper le cheveu ni de trop de lisser. Cela lui donne du corps, du volume et de l’épaisseur. Cela est encore amplifié par le fait que les femmes ne se coupaient pas les cheveux.
L’usage de pommades est extrêmement courant. Il fait tenir les coiffures mais il permet également de protéger la fibre capillaire des torsions et aussi du chauffage lors de l’utilisation de fers à friser ou cranter.


Focus n° 2 sur le XVIIIe : la pommade et la poudre sont essentiels pour obtenir une coiffure XVIIIe, je n’insisterais jamais assez dessus. En plus de parfumer, la pommade va protéger les cheveux des agressions, faire tenir la coiffure (il existait deux sortes de pommades, une dure pour faire tenir et une souple pour le pommadage initial). La poudre va absorber l’effet gras, alléger et faire doubler (littéralement !) le volume de la chevelure. Cette technique est imparable pour faire une coiffure XVIIIe, tout simplement  parce qu’elle était utilisée à l’époque. Il faut juste réussir à doser afin que le nettoyage ne soit pas trop pénible.
Johann Anton de Peters, Intérieur avec jeune fille se peignant à sa toilette, années 1760-70. La houpette sert à aapliquer la poudre sur les cheveux.

Je vous renvoie sur les articles que j'ai déjà écrits sur le sujet.
La poudre peut également servir à texturer pour des coiffures à volume des autres périodes (XVIIe, XIXe, années 1940 et 1960).
Il existe également des sprays texturants dans la vie moderne (bio, naturels, conventionnels, cheveux gras, cheveux secs, etc).

b)     Boucles, crans et autres

Les femmes avaient l’habitude de se tresser les cheveux pour passer la nuit (en particulier au XIXe), ce qui non seulement laissait de jolies vagues mais également donnait plus de corps aux cheveux !
Je vous conseille donc, surtout si vous avez les cheveux fins de vous friser les cheveux.

Pour cela, il existe diverses techniques :
Sur cheveux humides : bigoudis plus ou moins larges, pins-curls (parfait pour le XXe siècle), tresses, nœuds bantous (pour les crêper), épingles à cranter, papillotes. Je vous renvoie sur Internet, il y a a plein de tutoriels, notamment sur Youtube.
C’est ma technique préférée : la plus durable, la moins agressive mais la plus longue à faire sécher.

A gauche: Hogarth, Le mariage à la mode: la toilette (détail), 1743, à droite: Liotard, Madame Liotard et sa fille
Deux papillotes à froid.


Sur cheveux secs : les fers à friser et cranter. Je ne suis pas fan de cette technique : elle abîme les cheveux, elle tient moins bien et prend du temps le jour J ! Je trouve que les boucles sont moins belles et tout de suite reconnaissables en tant que faites au fer à friser moderne.  Sur cheveux secs, vous pouvez aussi tester la technique du fer plat et rond sur papillote rondes en papier. Avec cette technique, il faut réépingler la boucle une fois sortie du fer pour la faire refroidir en forme, sinon, elle va perdre sa forme.
A noter que le crêpage est peu cité dans les techniques de coiffure…



A gauche: Hogarth, Le mariage à la mode: la toilette (détail), 1743, Boilly, Les papillotes, 1824.
Deux techniques à chaud.

3.      Les aides

a)     Les crins

Les crins, comme leur nom l’indiquent étaient faits en crin de cheval. Ce sont des coussins de diverses tailles et formes pour donner du gonflant. Ils peuvent être faits en tissu d’une couleur proche des cheveux, en filet (ils seront souples). L’intérieur peut être garni donc de crin, de cheveux naturel (en récupérant les siens notamment) ou synthétiques, de donut coupés.








b)     Les postiches

Les postiches sont des rajouts de cheveux. Ils étaient en cheveux naturels. Nous n’avons pas de traces avant le XIXe, mais ils devaient déjà exister au XVIIe et très certainement au XVIIIe siècle.
Les formes se multiplient au XIXe siècle : de simple mèche d’anglaises, ils deviennent des toupets, des tresses, des chignons, etc. Ils sont montés par des professionnels. Certainement femmes font monter les leurs (soit qu’elles les font couper, soit qu’elles les récupèrent sur leur brosses).




Edgard Degas: Femme devant le miroir. On note le postiche de cheveux à droite.


c)     Les perruques

Les perruques semblent avoir été utilisées très temporairement par les femmes. En effet, la période, bien que vaste, est assez unanime sur le fait que la chevelure est la parure naturelle de la femme, son principe même de féminité.
Les perruques peuvent être portées par exemple au XVIIe, lorsqu’une couleur autre que la sienne est à la mode. Elles sont également portées lors de la mode des cheveux courts au tournant du XVIIIe-XIXe siècle.

4.      Les outils
En plus du peigne et de la brosse, les femmes utilisent une armada d’épingles et de peignes destinées à la coiffure. Certaines sont également décoratives.


Des peignes de différentes formes et tailles sont également utilisés.



5.      La décoration
Les fleurs sont une valeur sûre. Si vous en avez des fraîches ou des biens faites en tissu, n'hésitez pas! Les rubans sont également très utilisés car à l’époque ils valent chers et sont souvent la parure, même des moins fortunées. Si vous avez les moyens, les diamants et leurs imitations les strass (cristaux ou Rhinestones en anglais) sont des incontournables mais uniquement pour les grandes parures (tenue de cour, soir). Les strass sont d'ailleurs inventés au XVIIIe siècle en Allemagne (Rhine-stone, vous avez compris? ;-) ). La perle est de toute tenue, de très bon goût et peut être portée toute la journée. Les plumes sont présentes à certaines périodes mais elles n'ont pas toutes la même forme, taille ou disposition. C'est un sujet en soi!


Des fleurs...

Des perles...

Des perles...

Et des plumes.


 Pour finir un petit regroupement des formes de coiffures Je vous laisse voir des coiffures par décennies dans des albums créés spécifiquement ici sur un tableau Pinterest. Je vous laisse également fureter sur mes albums, il y en a d'autres sur les coiffures.

J'ai retrouvé mon pdf des images de la seconde partie!
Il est ici.

1.      Les Petites têtes
a.       1720-1750
b.      1800-1810
c.       1880-1890
d.      1910
e.       1920
2.      Les têtes volumineuses
a.       Sur le sommet du crâne
* 1690-1700
*1760- 1770
*1870
* 1890-1900, 1910

b.      Sur les côtés et/ou  la nuque
* 1620-1680
*1850
* 1910
c. Sur les côtés et/ ou le sommet du crâne
                 *1610
                 * 1830-40
d. Partout !
*1780

Cas particuliers: les années 1790 et 1860!





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