mercredi 17 février 2016

Comment faire des recherches pour documenter ses costumes.


En discutant avec d’autres passionnés, je me suis dit que j’allais essayer de vous donner une sorte de boite à outils pour aider à débuter les plus néophytes et peut-être (j’espère !) vous donner des pistes et éviter de trop vous perdre sur Internet.


  •  Se faire des imagiers
Mon premier conseil est de vous « éduquer » l’œil aux formes, couleurs et motifs d’une époque. Pour cela, les sites généralistes vous permettront de vous faire des sortes d’imagiers. N’hésitez pas à enregistrer les images (sur votre ordinateur, sur Pinterest ou autre chose). C’est ce que je fais par décennie de siècle. Cela permet d’avoir des repères visuels.

J’avais un prof de fac en archéo qui nous disait que c’était des grandes boites dans lesquelles on peut ensuite mettre de plus petites pour affiner et ainsi de suite.

C’est ce que j’ai fait sur Pinterest. Vous remarquerez, si vous me suivez, que je commence par faire des albums par décennie, puis j’ai tendance à les sous-diviser par thématique. Exemple récent, les années 1760 que j’ai divisées en homme et femme ; les années 1900 que j’ai divisées en robe du soir, tenues de bain, etc.

Cela va affiner votre vision des choses. N’hésitez pas à les parcourir de temps en temps.

A partir de quels sites ?

Vous aurez compris que je suis fan de Pinterest !


Dorénavant, les bases de données en ligne regorgent d’images. Toujours est-il qu’il faut qu’elles soient sourcées en ce qui nous concerne. C’est-à-dire, auteur (ça vous donne déjà une idée de la période), date et lieu de conservation (comme ça, vous pouvez espérer en apprendre plus sur le site originel de provenance de l’image).

Attention, je modérerais mon propos sur deux points : les images d’artistes. Un artiste peut dessiner, peindre une époque qui n’est pas la sienne (donc l’authenticité peut être douteuse), il peut également inventer, imaginer, prendre des libertés voulues ou nom. Une image n’est pas forcément la vérité sur ce qui se portait. Renseignez-vous sur cet artiste : est-il connu pour « déguiser » ses modèles ? Est-il connu pour être un peintre de la réalité quotidienne ? etc, etc.
Attention pour les costumes, aux photographies de costume de film, qui parfois sont si bien exécutés qu’on les croirait authentiques (notamment vrai pour la maison Tirelli !). C’est également vrai pour certains costumes de reconstitution.


  • Bases de données  d’images :
RMN photo (catalogue des collections de musées nationaux à l’origine, qui s’élargit aujourd’hui aux chefs d’œuvres des collections de tous les musées de France)
Base Joconde : catalogue des musées de France

Grand Ladies site: un site qui recense pleins d'images de femmes de l'aristocratie au cours des siècles,  
Les grands sites de musée :Le Metropolitan Museum deNew York, Le Museum of Fine arts de BostonLe Rijksmuseum, le Victoria Albert museum de Londres. Le LACMA, le Colonial Williamsburg, le musée des Arts décoratifs de Paris. Pensez également aux sites de musées beaux arts comme Le Louvre ou Orsay. Ils ont développé de véritables bases de données en ligne de leurs collections (avec des résolutions très hautes qui plus est !).Ce n'est qu'une toute partie de la liste des sites de musées ayant une base de données en ligne.


  • Bases de données textes :
C’est essentiel d’y revenir de temps en temps. J’ai épinglé un certain nombre de revue d’époque qui sont constables en ligne. Il suffit de cliquer dessus pour ouvrir la 1ère page du premier numéro.
J’ai également épinglé des manuels d’époque diverses et variées.

Une source essentielle pour les francophones est Gallica, qui s’est beaucoup développée ces dernières années. Pour les XVIIIemistes, je vous y conseille l’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des arts et métiers de Diderot et d'Alembert, L'encyclopédie méthodique, Manufactures, arts et métiers, de Roland de la Platière chez Panckoucke, les "Arts de ..." (tailleur, gantier, perruquier, lingère, etc) de François-Alexandre-Pierre de Garsault, avec les articles associés : (retrouver). En fouillant, vous pourrez en trouver d'autres!

Le portail Persée, le portail en ligne des revues en sciences humaines et sociales. Vous y trouverez non pas des sources primaires mais des études d'universitaires, pour la plupart.



  • Comment chercher ?

    Internet est une grande base de données à lui tout seul. La recherche par image donne de très bons résultats si on sait chercher. Seulement, vous obtiendrez plus de résultats en anglais. Pensez à utiliser un dictionnaire français anglais pour cibler vos mots clefs.
Penser à rajouter les décennies: 1750’s, 1900’s… Petit à petit, vous allez acquérir du vocabulaire sans même vous en rendre compte.


  •    La bibliographie

Si vous préférez toutefois le papier (comme moi !), voici quelques noms d’autres incontournables :
Janet Arnold dont la "suite a été reprise  par Jenny Tiramani à la tête de la School of Historical dress à Londres
Linda Baumgarten, conservatrice des Textiles et Costimes à la Fondation du Colonial Williamsburg
Norah Waugh
Toutes ont relevé des patrons directement sur les vêtements d'époque. On peut y ajouter Jean Hunnisett (pour une optique plus théâtre mais bonnes bases très correctes!) et bien d'autres encore.

J'espère que ces quelques pistes vous aideront à débuter dans la recherche...
Et vous, vous cherchez où et comment ?

jeudi 4 février 2016

Les cosmétiques: le rouge





Je poursuis mon exploration des fards anciens avec la matière colorante en rouge. Voici une synthèse des livres de recettes d'époque que j'ai lus, ainsi que du très bon ouvrage de Catherine Lanoë, La Poudre et le fard.

  • Mes sources (toutes consultables en ligne):


Bourgeois, Louise. Recueil des secrets... auquel sont contenues ses plus rares experiences pour diverses maladies, principalement des femmes, avec leurs embellissemens Paris : Jean Dehoury, 1653.

Blégny, Nicolas de. Secrets concernant la beauté et la santé. Paris : Laurent d'Houry et Veuve de Denis Nion, 1688. Tome 1 et Tome 2 (1689)

Buc'hoz, Pierre-Joseph. Toilette de flore ou essai sur les plantes et les fleurs qui peuvent servir d'ornement aux dames -- contenant les différentes manières de préparer les Essences, Pommades, Rouges, Poudres, Fards et Eaux de Senteurs auquel on a ajouté différentes Recettes, pour enlever toutes sortes de Taches sur le linge, Paris : Valade, 1771.

Fargeon , D. J.. L'Art du parfumeur, ou Traité complet de la préparation des parfums, cosmétiques, pommades, pastilles, odeurs, huiles antiques, essences, bains aromatiques et des gants de senteur, etc. Contenant plusieurs secrets nouveaux pour embellir et conserver le teint des dames, effacer les taches et les rides du visage et teindre les cheveux. Ouvrage faisant suite à la Chimie du goût et de l'odorat Paris : Delalain fils, 1801.

Caron, Auguste. Toilette des dames, ou Encyclopédie de la beauté; contenant des réflexions sur la nature de la beauté ; sur les causes physiques et morales qui l'altèrent ; sur les moyens de la conserver jusqu'à un âge avancé ; sur ce qui la constitue chez nous, et sur les soins à donner à chaque partie du corps un aperçu historique des modes françaises, et des conseils sur la toilette Paris : Debray, 1806.

A noter que Fargeon a été le parfumeur de Marie Antoinette.

Il est très intéressant de remarquer pour débuter la permanence des recettes des rouges à travers ces recueils.  J'en ai compté sept dont certaines avec des différences très minimes.

  • Les formes:
Le rouge, qui sert à la fois pour les joues et éventuellement les lèvres, peut prendre plusieurs formes: grasse avec les pommades (en baume comme on dirait aujourd'hui), en poudre, liquide (souvent astringent) ou sous forme de crépons ou ruban que l'on trempait dans de l'eau de vie ou du vinaigre pour dissoudre la teinture que l'on frottait ensuite sur les joues.
Les recettes évoquent d'ailleurs plutôt des rouges à teinter les joues que les lèvres. Les recettes explicites de rouge sont directement liées aux joues. Les pommades pour les lèvres sont beaucoup plus rarement teintées de rouge. D'ailleurs, les pommades sont de façon générale "bonnes à tout faire": lèvres, mains, tétons, dartres, en résumé, toute zone sèche!
Jean Basptiste Greuze, Portrait de Madame de Courcelles à sa toilette, 1765. Détail du pot de rouge.

John Raphael Smith, Jeune femme s'appliquant du rouge, 1783, Brittish Museum, détail.

Boucher, Madame de Pompadour s'appliquant du rouge, Fogg art museum

  • La technique:
Il existe plusieurs façons d'extraire la matière colorante. Souvent, les préparations sont filtrées, mais parfois, la matière tinctoriale reste dans le produit fini. D'après mes lectures, les préparations filtrées sont celles à base d'orcanette, tandis que les préparations qui ne le sont pas sont à base de bois de santal rouge ou du Brésil.



  • Les ingrédients rouges:

Devant la poussée des hygiénistes et de certains médecins, les rouges à base de minéraux tendent à disparaître sur la fin du XVIIIe siècle. Chaque fabricant-vendeur doit pouvoir justifier de l’innocuité de ses produits, et en particulier du fait qu'il ne contient pas de minéraux. Si le cinabre, le plomb et le mercure (pour produire les blancs) sont effectivement dangereux, tous les minéraux n'étaient pas forcément toxiques (mica, oxydes et ocres). Toutefois, ils ne semblaient pas être utilisés pour obtenir des rouges au XVIIIe. La volonté de limiter les effets dangereux est toutefois très intéressante car dans mes recherches, je me suis rendue compte que l'orcanette était très utilisée au XVIIIe siècle, et également aujourd'hui dans les produits de maquillage biologiques américains, alors que pas du tout en France. En fait, l'orcanette est inscrite sur la liste II de la pharmacopée Française, c'est à dire que ces désavantages sont plus importants que ses bénéfices. Cependant, c'est à nuancer car il s'agit de cas d'ingestion et pas d'application sur la peau. Le Laboratoire Nuxe a d'ailleurs breveté il n'y a pas longtemps des crèmes de beauté à l'orcanette!

Il est intéressant de noter que dans les manuels de recette, la couleur rouge rouge est obtenue à partir d'un petit nombre seulement de matières tinctoriale. On retrouve:

  • Les végétaux: l’écorce de racine d'orcanette (alkanna tinctoria), le raisin noir, la poudre de bois de Santal (qui sent très bon!), la poudre de bois du Brésil (dit pernambouc)
  • Les animaux: le carmin (issu de la cochenille, petit insecte parasite)

L'orcanette, jolie fleur bleue qui donne du rouge (enfin, sa racine!); le bois du Brésil sec et en tronc; une cochenille écrasée sur un doigt(!), du bois de Santal.

Ne semblaient pas utilisés des rouges par ailleurs connus et usités pour d'autres produits (la garance notamment) D'autres éléments assez évidents comme le coquelicot, la betterave, le chou rouge, les fruits rouges ne semblent pas avoir été utilisés, mais rien ne nous dit que les femmes ne les utilisaient pas avec des recettes "minutes" maison!
Je ne sais pas si cela était par défaut technique (impossibilité d'extrait le rouge).

Les teintes obtenues vont du rouge violine, au rouge vif et au rose, voire oranger pour le bois de Santal (mais rarement utilisé seul dans les recettes). Les matières (enfin, celles que j'ai obtenues!) sont rarement très opaques comme peuvent l'être un rouge à lèvres aujourd'hui, en particulier pour les versions grasses. Les versions liquides astringentes ou à base d’alcool, même transparentes ont, par contre, un très fort pouvoir tinctorial. Je vous laisse jeter un coup d'oeil à mes essais sur le rouge Turc.

A droite, mon essai de "rouge imitant parfaitement la nature", qui se fond sur la carnation des personnes. C'est également celui que je portais à Champs sur Marne et Sèvres.

Enfin, je n'ai pas encore évoqué le rouge en poudre dont parle Caron: à base de cochenille et talc, il le décline en 10 tons, du plus clair au plus foncé, afin de s'adapter aux carnations de ses clientes, mais également de la lumière du jour et de la période de la journée. En ce qui me concerne, j'ai obtenu plutôt un parme très clair, rosé plutôt qu'un rose franc. Peut-être est-ce dû à mon broyage ou à mes cochenilles (qui ont portant bien donné du rouge avec d'autres recettes).

Sachez également que si vous souhaitez réaliser ces recettes à la maison, la cochenille est déconseillée en application directe sur la peau (elle risque de causer de fortes irritations et des allergies). En ce qui me concerne, c'était juste à titre expérimental!


mercredi 3 février 2016

Les détails qui font la différence pour un costume XVIIIe



…autrement dit les do/don’t ou comment essayer d’améliorer ces petits détails qui font toute la différence et que l’on voit malheureusement trop souvent sous-estimés.

…autrement, un peu de rouspétage! (j’me défoule comme je peux, je ne peux pas coudre en ce moment !) Je vais avoir l'air d'une chi..., mais c'est c'est pour votre bien! Non, sans rire, combien de fois je fais ma Jean-Pierre Bacrette devant un costumé qui a fait de gros efforts mais qui tombe à côté de la plaque à côté d'un ou deux détails qui paraissent minimes mais qui gâchent tout!

C'est partie pour une revue de choses à éviter!


 1. Les vêtements : 
  •  Pas de sous-vêtement structurant : 
Il y a deux types de sous-vêtement structurant au XVIIIe : celui qui va modeler le torse et celui qui va modeler les hanches/fesses. 

Le corps à baleines, puis corset sont INCONTOURNABLES. 
Sinon comment espérer avoir le torse en cône inversé (V : pointe en bas) alors que l’on a deux (plus ou moins petits) monticules de chair appelés seins? Il fait les aplanir pour obtenir un effet de cône. Normalement, on ne voit pas du tout la forme des seins sous la robe.
Evitez également le corps/corset trop court. Je prépare un sujet là-dessus mais comme je n’ai pas accès à mes costumes, ça attendra un peu.

Lauren et son nouveau corps baleiné 1780, absolument parfait.© Lauren at Wearing History 
Lauren dans son nouveau corps baleiné avec une posture parfaite : épaules en arrière, torse et poitrine en avant, bien dégagés. Et pourtant, la poitrine est au large, juste soutenue, elle ne « déborde » pas. Exactement ce que l’on voit sur les portraits d’époque.

1739, Antoine Pesne, Elisabeth reine de Prusse; Maurice Quentin de la Tour, Portrait de femme, années 1750; entourage de Johann Ernst Heinsius, Portrait de femme, années 1780: toute cage thoracique dehors!


 Ensuite on trouve toute une panoplie de sous-vêtement structurant toute la partie base du corps et de forme mouvante durant le siècle : criarde, paniers de diverses formes, cul, etc. Par pitié, évitez la jupe toute plate qui colle aux pattes, ayez au moins deux jupons. 

Attention: Pas de crinoline au XVIIIe siècle. Merci. De façon générale, au XVIIIe, l'ampleur vient de la région des hanches, pas des chevilles ou des mollets.La crinoline fait une forme de dôme, ronde, le panier est plat devant et derrière. Donc, même si le vendeur/loueur vous dit "si si, ça se portait", saucissonnez-le avec ladite crinoline. La forme des paniers a certes évolué au fil du siècle, mais ils n'ont jamais porté de crino de mariage.

A gauche, une crinoline du XIXe siècle, tour en rondeur, à droite des paniers milieu XVIIIe siècle, tout en angulosité.

Vous pouvez facilement donner du volume en vous achetant un tissu matelassé donc vous faites une "mini jupe" ouverte sur le devant et qui vous donnera du volume (image). Résultat garanti à moindre frais ; Et si vous avez le temps/patience, vous pouvez le faire vous-même, ça sera histo-garanti ! 

Pour plus d'infos, je vous conseille la page de Kendra (en anglais): les supports de jupe XVIIIe.
  •  Pas de chemise : 
Berk berk berk ! Personnellement, je ne lave pas mes costumes…. 

Ben oui, je porte des chemises, que elles, je lave systématique à 60°C après chaque port ! 1. Ca va économiser vos costumes. 2. Ca vous protège des frottements. 3. C’est total histo. 


  •  Les couleurs criardes et mal assorties. Les motifs mal choisis. Les bijoux modernes/pas adaptés. 
Là, ça devient plus compliqué. Si vous avez un doute et que vous n’êtes pas sur de votre choix, passez votre chemin ou demandez à quelqu’un qui s’y connait. C’est un terrain très glissant et qui peut s’avérer très difficile. Le mieux est de se référer soit à des portrait d’époque, soit à des vêtements conservés d’époque (attention aux costumes de films, à ne pas prendre pour argent comptant). 

L'organza synthétique, le satin trop léger et brillant et la panne de velours... le trio perdant! Sauf si vous voulez refaire votre intérieur façon Barbara Cartland!

Evitez absolument la panne de velours, l'organza synthétique  et le satin qui brille cheap et qu'on voit partout. Si vous voulez vraiment du satin, optez pour un satin bien épais et lourd (dit duchesse), pas trop brillant. En résumé, optez pour le taffetas uni: faux pas rarissime!
Ah, et dans les magasins, les vendeurs ne font pas la différence en armure (tissage: satin, taffetas ou toile, sergé)) et fibre (soie, coton, divers synthétiques ou artificiels). Il faudrait que je revienne là dessus un jour...

Pas de motifs "toile de jouy" tels que l'on les entend aujourd'hui (les angelots-scènes champêtres), pas de fleurs de lys (réservées au manteau royal du couronnement), pas de "motifs baroques" à la V. Damidot (qui ne sait d'ailleurs certainement pas ce qu'était le Baroque), pas de tissu d'ameublement de façon générale. Je pense que je vais rédiger un article entièrement consacré à ce sujet.

Non, nope, no, niet, nein, nee, nie, ne!

  •  Les femmes tête nue 
Sujet vieux comme le monde ou presque. Ce n’est que depuis les années 1960 (je pourrais même dire 1970) que les femmes sortent tête nue dans la rue. A fortiori, si vous êtes une femme du peuple. Enfin, si vous êtes vraiment une aristo, vous ne sortez pas beaucoup, à part éventuellement pour une partie de chasse, mais vous porterez un tricorne ou un feutre. 
Au passage, les tricornes chez les dames ne se portent qu’à la chasse (ou avec une tenue de chasse) et à Venise (avec la bauta). Dans la ville de Venise. N’allez pas me dire « oui, mais je suis Vénitienne en fait. » Ben non, on est pas à Venise. 
Revenons aux classes les plus aisées, voire noble. En fait, malgré tout, il y a toujours quelque chose sur la tête des femmes : un micro bonnet en dentelle, des plumes et décorations pour sortir.
 La femme n’a jamais la chevelure totalement "nue"


2. Le maquillage 

Vous connaissez ma marotte pour les fards d’époque. J’ai déjà expliqué comment se faire un maquillage totalement histo compatible avec des produits modernes. 

  • Pas d’eye liner. 
Le style Cléopâtre- Sophia Loren, NO WAY ! Je ne parle même pas des fards à paupière ! A bannir, n’y pensez même pas ! En fait, pas de maquillage du tout sur l’œil en lui-même (bon, on tolère un tout petit coup de crayon très léger et flouté si vous avez les cils tous palots). Normalement, seuls les sourcils sont fardés, en arc de cercle. 

Elizabeth Taylor dans Cléopâtre (1963) et Sophia Loren dans Le Cid (1961): pas du tout XVIIIe!
Le regard XVIIIe: seuls les sourcils sont surlignés, en arcs de cercle (att. à Pierre Allais, Portrait de femme).

  •  La bouche ourlée : nononononon. La rouge est posé flouté, dans les tons rouges et roses foncés. Pas de prune, orange vif, fuchsia et encore moins de nacre. Un article ici sur les rouges. 


  •  Le vernis à ongle : niet ! 
  •  Le teint blafard hyper poudré, genre je viens de poncer chez moi. Nope. Idée fausse. 
Le teint à l’époque est blanchi à l’aide de pommades (qui soit vous font un effet blancheur sur le long terme, sorte d’anti crème bronzante; soit qui ajoutent un effet blanc, véritable maquillage). Or, la pommade à l’époque, c’est juste du gras. Donc ça brille. Vous n’êtes pas obligés de briller comme une motte de beurre mais ne cherchez pas l’effet poudré, il sera ailleurs (pas de mauvais esprit, j’y viens plus bas). 

  •  Le rouge aux joues avec du bronzeur/terra cotta. Fausse bonne idée ! 
Le rouge à joue est le même que celui des lèvres, donc rouge ou rose foncé. Pour un bien, utiliser le rouge à lèvres que vous avez utilisé pour vos lèvres. Appliquez du bout du doigt sur les lèvres et les joues.


3.  Les cheveux 

Vaste sujet ! Liés aux cosmétiques, j’ai également rédigé des articles. 

  • La coiffure pas adaptée à la période. 
Non, le costume Louis XV n’a pas forcément une coiffure haute pour les femmes. Même dans les années 1760, la tapé des femmes reste assez bas. Pour avoir des repères, consultez des sites. 


  • Les cheveux qui pendent pas coiffés. 
Messieurs, au moins deux rouleaux sur les côtés et un ruban pour faire une queue derrière. Mesdames, au moins quelques épingles et rubans. Avec un peu de chance doigté, vous aurez l’air d’une jolie allégorie de Boucher ou Fragonard. 
François Boucher, L'Allégorie de la musique, 1764.

  • La perruque/coiffure haute en cône ^ : j’ai beau avoir vu des dizaines de milliers d’images, à part dans les caricatures, je ne connais pas… 
Euh? Euh... Euh!

  • La perruque blanche 
A l’époque, certes, certaines perruques paraissaient blanches. Je n’ai pas encore fait de recherches exhaustives, mais il me semble qu’elles étaient réservées à la noblesse de robe et autres fonctions judiciaires (avocats, juges, etc…). Soit dit en passant, elles étaient faites en crin, donc tirant plus sur le jaune filasse. Bref, si vous voulez absolument une perruque claire, choisissez en au moins une platine. 

  •  La perruque/chevelure brillante : 
J’en arrive à mon effet poudré. Pas de cheveux brillants. Ca, c’est un truc du XIXe siècle. Les cheveux au XVIIIe sont mats, même s’ils ont été fortement brossés pour être dépoudrés.

Ouh, ça brille, ouh, c'est du gras! Années 1840 à gauche, Dennis A. Waters Fine Daguerreotypes, années 1860 à droite.

Pourquoi ? Tout simplement parce que cela tient à la façon dont on les entretient et les coiffe. C’est l’âge d’or du shampoing à sec (sans blague !). La pommade (à base de cire et graisse) et la poudre (à base de divers amidons, poudres d’os, colorées, parfumées) rendent les cheveux à la fois doux, aériens, légers et très facile à coiffer. Et ça marche aussi sur les perruques.L’essayer, c’est l’adopter. 
Et si vous n’aimez pas le côté blanchi, il existait des poudres colorées (blondes, châtain, brunes, noires, grises et même bleues et roses !).


Si j’étais pointilleuse, j’irais mêmes jusqu’à dire que l’effet collé-plâtré que l’on voit parfois n’est pas correct non plus. Je vous renvoie au test grandeur nature essayé à Champs sur Marne l’été dernier.

Oups, ça colle, ça plâtre... Loupé! Photo de l'artiste Erwin Olaf pour l'exposition Catwalk au Rijksmuseum.

  • Les dragonnes mal placées. 
Non, ce ne sont pas des mèches qui pendouillent devant, sur le front. Les dragonnes sont en fait des rouleaux défaits qui tombent négligemment de derrière les oreilles. Pas de frange sur le front non plus, s'il vous plait.

Des dragonnes, début années 1780, années 1740 et années 1760 à droite.


3. Les accessoires
  • Pas de montre bracelet!
Les montres sont à chaîne (on en trouve maintenant des pas chères), portés par ces messieurs à la culotte et ses dames à la fin du siècle avec des châtelaines.

  • Les ombrelles en dentelle: ça n'existaient pas au XVIIIe. Mieux vaut prendre une ombrelle asiatique (même si au bout du compte, tout le mode en a!) ou un parapluie forme pagode (on en trouve sur internet). De toute façon, vous ne trouverez que très difficilement.
Fragonard, La lettre d'amour, Le concours de musique.


  • Les lunettes:
Attention sujet sensible. Il est difficile d'interdire les lunettes aux personnes qui en ont vraiment besoin (très mauvais vue, risque de migraine ophtalmique, etc.). Mon conseil: si vous êtes vraiment passionné de sortie/événement costumé, optez pour des montures discrètes ou qui peuvent faire la blague. Ou alors, achetez carrément des montures anciennes (ça se trouve aux puces et sur les brocantes) et faites faire des verres si vous avez les moyens. Sinon, ôtez vos lunettes le temps des shootings photos (il y a toujours des moment dans la journée où ça "mitraille" plus) ou au moment où vous faites votre prestation en public.

  • Les lunettes de soleil. 

Les lunettes teintées existaient au XVIIIe siècle (1752 pour être exacte par le britannique James Ayscough), mais elles étaient censées corriger la défauts de la vue (myopie, etc.). Donc techniquement possible mais plutôt rondes et peu teintées (vertes ou bleues). Donc pas hyper utiles, sauf si vous avez de gros problèmes aux yeux.

Voilà, je pense avoir déjà évoqué pas mal de choses, qui vous aideront à grandement améliorer vos tenues pour débuter.